Centre d'animation Censier 12, rue Censier 75011 Paris France
Extrait de mon journal de voyage. Tokyo. Mai 2007 :
« Je me promène grâce à mon désir de prendre de bonnes photos. Je n’ai pas de sujet, de thème, de projet précis, je marche, je regarde, je suis à la fois serein et tendu, c’est un état d’esprit que je retrouve à chaque fois que le désir de photographier revient. Calme et à la fois concentré. Le monde n’est plus bancal, bordélique, le sens n’est plus difficile à retenir, à comprendre. Il y a un objectif, j’ai un objectif, je me sers du monde, de tout ce qui m’entoure, rien n’est inutile, tout peut être bon à capter dans mon appareil. Je suis à la fois une machine métallique et une éponge pleine de sensations. La réalité n’est plus ni menaçante ni ennuyeuse, je sais simplement pourquoi je suis là. »
Le Japon me fascine. Le Japon est un pays très mystérieux. Tout le monde le connaît sans vraiment le connaître et ceux qui cherchent à le comprendre ouvrent des portes derrière lesquelles il y a toujours d’autres portes à ouvrir. Je n’ai pas ouvert beaucoup de portes pour le moment. J’ai beau m’y être rendu trois fois, je suis toujours incapable d’en faire une description résumée et claire. C’est ce mystère qui me stimule, moi et mon appareil photo.
Je fais le portrait instantané, pris sur le vif, d’individus de nationalité japonaise que j’ai croisé là-bas. Des vieillards aux plus jeunes, en passant par les salary-men ou les couples en ballades, ces personnes devenues des personnages photographiques peuvent acquérir le statut de japonais représentatifs de la société japonaise d’aujourd’hui.
Ce sont des individus qui gardent tout leur mystère, des individus dont une certaine solitude perçue chez eux m’a intéressée et m’a sans doute plut au moment où j’ai croisé leur route. Assez plut pour que je les fige dans leur position et leur situation momentanées dans un décor et une lumière donnés avec mon viseur, et que je les garde dans la carte mémoire de mon Olympus. Le mystère et la solitude dont je les ai revêtu à cet instant peuvent peut-être émouvoir et toucher les spectateurs de mes photos. Là réside peut-être le vrai projet de cette exposition. Le partage de ce qui m’a ému ou intrigué, le partage du mystère et de la solitude des autres, et donc de nous-mêmes.