« La destruction des quartiers traditionnels en Chine s’est fortement intensifiée depuis une quinzaine d’années. À la place, de nouveaux complexes résidentiels sont édifiés en masse à tel point que toutes les villes commencent à se ressembler.
Quand un promoteur immobilier veut construire sur un terrain, il doit en obtenir l’autorisation auprès des autorités. Ensuite, une entreprise de délogement est engagée pour s’occuper de l’évacuation de la population et de la destruction des maisons. En général, les habitants apprennent que leur quartier sera détruit dans les deux prochains mois quand le caractère « chai », signifiant « détruire, destruction » est affiché sur les murs des maisons. Seuls les propriétaires peuvent être compensés, souvent au quart du prix du marché. Il est fréquent que des habitants résistent, tentant de négocier une meilleure compensation, mais les entreprises de démolition étant payées pour faire évacuer le terrain le plus vite possible n’hésitent pas à recourir à tous types de pressions pour dissuader les habitants de négocier.
[...] Les médias chinois n’osent pas dénoncer cette situation. Les habitants résistants vivent isolés et la voie est ouverte à la violence. C’est paradoxalement à ce prix que d’autres chinois accèdent à la propriété privée. Ces images témoignent de cet instant entre passé et futur, d’étouffement et de disparition de tout un mode de vie traditionnel. Instant sur lequel se construit la nouvelle nation chinoise qui fait table rase de son passé. »
Boris Svartzman
Exposition