Galerie Dix9 19 rue des Filles du Calvaire 75003 Paris France
Jeune photographe exposée pour la première fois en galerie, Anne Golaz se distingue par une connaissance très intime de l’univers rural et de la problématique paysanne dont elle a choisi de faire, jusqu’à présent, le sujet de son œuvre.
Suisse et d’origine rurale, Anne Golaz se lance dans la photographie pour se réapproprier ces lieux chers à son enfance. Toutes les approches de son travail se complètent autour d’un même questionnement critique de la réalité paysanne. Devoir de mémoire, devenu moyen de construire son propre univers, de le mettre en scène, de le réinventer à son image. Rapport aux territoires de son pays natal, où la jeune artiste voit une certaine paysannerie s’effacer doucement et inéluctablement, un monde clos, un destin en péril. Elle veut en montrer les richesses mais aussi la fragilité et les ombres…
Tout en se fondant sur des préoccupations sociales et politiques, les images d’Anne Golaz sont aussi de véritables tableaux contemporains, fruit d’une recherche plastique évidente qui privilégie l’esthétisation et la référence picturale. Dans la série « Scènes rurales » (2007-2008) elle s’inspire notamment de l’artiste suisse Albert Anker (1831-1910), qui a abondamment peint la vie rurale de son époque et qui devint particulièrement populaire dans son pays. Au tournant du 19ème siècle, s’est ainsi créé en Suisse une mythification du monde paysan et montagnard, engendrant au sein du peuple un phénomène d’identification aux idéaux véhiculés par ces représentations. La publicité et surtout la politique nationaliste s’est aussi emparée de cette iconographie du terroir basée sur l’image d’une Suisse rurale aux valeurs saines et solides.
Avec ce regard critique, entre théâtralité et réalisme, les personnages d’Anne Golaz, émergeant de l’obscurité, le regard rêveur, fatigué ou absent, ne sont plus les figures idéalisées d’une agriculture prospère, mais plutôt des êtres vulnérables et emplis de désarroi.
Une collection d’Objets de tous les jours témoigne de cet état de fait. Puisqu’aussi bien leur fonction quotidienne se laisse parfois difficilement concevoir derrière les marques du temps et de l’usage. Conçus comme de véritables portraits sur lesquels la jeune photographe porte un regard frontal, presque scientifique, qui contraste avec les approches habituelles du monde rural, ils semblent être avant l’heure des objets de musée, témoins d’un autre temps.