
Le numéro 4 d'infra-mince a pour thématique générale "Contemplation et photographie". Pour en traiter on trouvera dans ce numéro des contributions écrites de Robert Adams, Jean-Christophe Bailly, Véronique de Viguerie, Jean-Paul Curnier, Julie Ganzin, Patrick Talbot, Fabien Vallos et Roberta Valtorta, ainsi que des cahiers de photographies dus à Lucite Cubin, Paul Fargues, Christophe Mattern, Christian Milovanoff, Sarah Ritter, Carly Steinbrunn, et Pétur Thomsen; sur un mode un peu différent, Thierry Kuntzel, Nicolas Liucci Goutnikov et Sabine Macher sont également présents dans ces pages. Les questions posées étaient, en gros, les suivantes: est-il possible d'accoler les deux termes figurant dans l'intitulé thématique et comment s'effectue, dans la mesure où elle existe, la liaison de l'un à l'autre? Les réponses, comme toujours dans Infra-mince, choisissent librement leur point d'entrée et prennent la distance qui leur convient à l'égard de la figure imposée. Entre histoire, philosophie, esthétique et politique, la photographie et les images vagabondent, se posent, interrogent silencieusement et repartent sans livrer leur dernier mot et sans jamais se laisser assigner à résidence. Le rapport qu'elles entretiennent avec la contemplation peut prendre des formes diverses, mais il ne cesse d'affleurer et d'orienter la pensée de ceux qui, écrivant ou regardant, voient en lui une possibilité d'entretenir avec le monde un commerce qui ne doive rien au marché.
Cahiers de l’Ecole nationale supérieure de la photographie, Arles Contemplation et photographie Le numéro 4 d’Infra-mince a pour thème « Contemplation et photographie ». Comme dans les trois numéros précédents, il s’agit de poser à la photographie des questions qui s’inscrivent un peu à l’écart des champs rebattus par les contradictions dans la mâchoire desquelles elle est habituellement interrogée : argentique et numérique, style documentaire et photographie plasticienne, photojournalisme et art, amateurs et professionnels, etc. Ces questions sont toutes légitimes et justifiées mais rien n’interdit qu’au lieu de les aborder frontalement on les contourne et qu’on les prenne par un autre angle.
Ici l’interrogation part d’un constat simple. On associe sans difficulté la contemplation à la peinture mais il est plus rare qu’elle soit associée à la photographie. Cette différence est-elle pertinente et, si oui, pourquoi ? Chemin faisant, ce n’est pas seulement le regard porté sur les photographies qui s’est imposé comme voie d’approche privilégiée vers le sujet - autrement dit la contemplation d’images photographiques regardées dans un livre, dans les pages d’un journal ou sur des cimaises - mais c’est aussi la manière (contemplative) dont on peut pratiquer la photographie. Au-delà, se pose évidemment, de diverses façons, la question même de la contemplation, de sa possibilité et de sa signification actuelles.
L’objectif visé était, comme dans les numéros précédents d’Infra-mince, de créer un site d’accueil où, entre photographie et contemplation, se croiseraient et se rencontreraient des textes et des images dus à des auteurs dont les positions, les pratiques et les points de départ respectifs seraient intimement liés à des expériences singulières de photographe, d’écrivain, de philosophe ou de critique. L’aspect social et politique du thème traverse en filigrane et parfois plus ouvertement les pages de ce numéro car, dans un monde saturé d’activités, vouant un culte au marché (même lorsqu’il déraille), prenant volontiers l’excitation hystérique pour le comble de l’efficacité, s’accommodant du dirigisme autoritaire comme solution à ses peurs et à ses ressentiments, la contemplation, qu’on affuble volontiers d’une réputation de vieille dame un peu anachronique et respectable, qu’on suspecte même parfois d’être trop confite en dévotion pour intervenir dans le champ de l’actualité, n’est peut-être pas réductible à cette caricature et a en fait plus de cordes à son arc que ne le supposent à la légère ceux qui passent leur vie sans la voir. En cela, le binôme qu’elle forme avec un médium qui fut à l’origine des images techniques et qui se situa d’emblée à la source de leur diffusion massive sur toutes les variétés de supports et de médias, est forcément intrigant.
Ce numéro 4 d’Infra-mince se développe autour d’une question qui, à certains, semblera peut-être assez éloignée des préoccupations centrales de la photographie aujourd’hui mais qui en réalité, leur permet d’apparaître et de se déployer sous une lumière inhabituelle projetant sur elles le bruit de fond émanant de l’histoire des images, l’éclat d’un étonnement initial ou bien l’ombre portée de l’actualité.
5 Patrick Talbot … dans les limbes (Contemplation & photographie)
19 PORTFOLIO : Pétur Thomsen
33 Robert Adams Ecrire
Deux paysages
39 Thierry Kuntzel TheWaves
42 Jean-Christophe Bailly (Contempler)
51 PORTFOLIO : Christian Milovanoff
Texte de Michel Poivert
64 Patrick Talbot Entretien avec Véronique de Viguerie
77 PORTFOLIO : Christophe Mattern
86 Fabien Vallos Or le verbe photographier
La contemplation comme mesure du désoeuvrement
96 Nicolas Liucci Goutnikov Déclamation
99 Julie Ganzin La contemplation de l’artiste
107 PORTFOLIO : Portraits
120 Jean-Paul Curnier Un silence dans les pensées
135 Sabine Macher A partir d’un endroit dont on ne voit pas l’intérieur
144 Roberta Valtorta Luigi Ghirri : un petit homme qui contemple le monde
151 PORTFOLIO : Paul Fargues