« Saturday Night », avec son hôtel de 66 chambres différentes, chambres dont chaque intérieur est visible de l'extérieur, veut laisser voir l'abîme humain, qui s’ouvre à chaque tentative de combler sa solitude »
Saturday Night, 2007- Solitude dans une ville Un vieil homme est resté pendant des années, mort dans son appartement avant d'être découvert. Cette nouvelle choque la plupart des personnes, parce qu’elle est l'expression d'une vie qui était, à sa fin, l'image d'un isolement total. Pourtant la solitude est dans notre société un phénomène fréquent et pas seulement quand on est vieux.
Dans les grandes villes avant tout, où les êtres humains ne se retrouvent plus naturellement dans les structures traditionnelles (comme la famille, le voisinage ou dans les associations), ils se perdent facilement dans l’anonymat. La solitude est aujourd’hui un sujet important. La liberté de choisir ses relations sociales soi-même et d’avoir des formes sociales innombrables dans la masse d’une grande ville, surpasse la capacité de beaucoup d'êtres humains. A la recherche des contacts sociaux, ils vont en fait dans l’isolement.
Le point de vue d’In Sook Kim dans
« Saturday Night » est cet isolement: la solitude en tant qu'écart avec la norme sociale et le manque engendré.
La solitude mentionnée par In Sook Kim n’est pas la solitude d’une décision intentionnelle et consciente, mais c’est la solitude comme conséquence de l’incapacité de resserrer des liens sociaux. La séparation des autres est ressentie comme atroce, douloureuse et provoque un vide intérieur. Les personnes dans cette solitude utilisent différentes stratégies pour remplir ce vide et pour surmonter le manque de contacts sociaux parce que ce vide ne peut être comblé par la simple présence d’êtres humains.
Dans « Saturday Night » les chambres de l’hôtel ressemblent à des capsules, les protagonistes se sont renfermés à l'intérieur. D'autre part, les chambres s'apparentent aux rayons d'une ruche, l’une à côté de l’autre. Ceci induit un état paradoxal, que l'on pourrait appeler ironiquement « ensemble solitaire ». A première vue, la situation des protagonistes semble d’être individuelle : c’est uniquement un instantané ; demain l’hôtel verra des nouveaux clients. Par la succession des hôtes, de nouvelles histoires seront écrites. De nouveaux « cas » vont apparaître. Ainsi, les clients de « Saturday Night » deviennent interchangeables. Ils s’enfoncent dans l’anonymat de la ville.
Ecrit par Monika Leitner