
L'Entrepôt 7/9 rue Francis de Pressensé 75014 Paris tel: 01.45.40.07.50 - lentrepot@lentrepot.fr
Mois de la photo 2008
Photographies, cahiers d’écolier et cartes d’Internet : tels sont les matériaux qui composent ces Codex numériques, où se donne à voir une nouvelle organisation de l’espace et du temps. Par la superposition des calques, des âges différents de l’image sont mis en relation, imbriqués, enchevêtrés. Les danseurs de hip-hop sautent par-dessus les lignes d’écriture, les skateboards glissent sur les pages quadrillées, les lettres à l’encre bleue chevauchent les méridiens du réseau. D’un côté, l’école, l’écrit, la durée. De l’autre, le mouvement, le corps, le réseau – des univers qu’on se complaît souvent à opposer. Mais dans l’environnement virtuel, tout communique et tout se souvient. Le moindre mouvement, aussi éphémère soit-il, dépose une trace. Et les mémoires anciennes ne s’effacent pas sous l’actuel, mais affleurent à la surface des écrans. Ce recyclage ininterrompu des empreintes apporte à la photographie une profondeur inédite. Libérée de «l’instant décisif» (Cartier-Bresson) et du « ça-a-été » (Barthes), l’image s’ouvre sur un temps qui se feuillette en avant. Work in progress entre deux images possibles, elle est elle-même mutation. C’est cette plasticité que Louise Merzeau explore, en montrant comment l’image est toujours affectée par d’autres images, passantes ou revenantes. Mélangeant les techniques et les strates de temps, son travail ne dissocie jamais mémoire et innovation. Cette fois, ce sont les cartographies du web qui lui servent de ressource pour donner forme à l’hybridation. Entre capture et simulation, leur tracé figure ce que nul objectif photographique ne peut saisir : les contours des territoires où s’agence l’être-ensemble. En quête d’une nouvelle enfance de l’image, ces Codex sont aussi un portrait de ce qui nous relie, le désir d’inventer des passés partagés.