Il y a la guerre avant l'image et la guerre après l'image. La guerre, toujours recommencée, toujours photographiée, depuis un siècle et demi. De la guerre de Crimée en 1855 au massacre de sept Palestiniens qui fait la Une de Libération le 1er octobre 2000, ce sont 150 années d'Histoire qui accompagnent l'histoire de la photographie depuis sa naissance jusqu'à prédominance tous azimuts dans notre quotidien. Voir - ne pas voir la guerre est précisément une étude de la photographie à travers ce siècle et demi qui a connu les conflits les plus meurtriers, les pires horreurs dans l'histoire de l'humanité. Sujet d'information, sujet d'exposition, la photo de guerre est-elle légitime, belliciste, esthétique, ou simple fragment du réel, à voir, à ne pas voir ? Les épreuves sur papier albuminé donnant à regarder quelques scènes de la guerre de Crimée, entre 1854 et 1856, les images d'Alexander Gardner sur la guerre de Sécession, celles de la Grande Guerre ou d'Oradour-sur-Glane, les carnets inédits de Robert Capa et les entretiens avec John G. Morris, Roger Thérond, Marc Riboud, sont autant de chapitres illuminant cette rétrospective qui permettent de mieux appréhender l'image. C'est là, véritablement, un ouvrage exceptionnel. --Céline Darner