Galerie Small & Co 1 av. Trudaine 75009 Paris France
Mois de la photo 2008
Dans le cadre de MOIS DE LA PHOTO 2008 séléction officielle Dans cette exposition personnelle d’Igor Savchenko, première en France, la galerie Small&co présente 35 de ses photographies issues des plusieures séries des années 90, réunies sous un titre « The Picture Behind Him ».
Sa méthode appartient à photo-archéologie : en collectionnant des clichés des albums privés des années 30-50, il chosit certaines images, les recadre, ajoute parfois des éléments qui peuvent augmenter « le volume » des voix de l’époque.
Igor Savchenko, artiste biélorusse richement décoré et exposé internationnalement depuis une vigntaine d’années, s’intéresse aux parallèles historiques, en mettant en évidence des détails cachés ou insignifiants, qui passeriaent inaperçus.
Toutes les photographies – tirage argentique sur papier baryté, fait par l’auteur Tailles : app. 18x21 cm et 22x29 cm
LES IMAGES D’IGOR SAVCHENKO
Il arrive qu’au détour d’une image, la vision périphérique du spectateur soit envahie d’un univers complexe et monolithique, fait de rationnel et de symbolique, d’affect et de logique, sans que l’on puisse déterminer quels ressorts ont activé cet univers. Dans le cas du photographe biélorusse Igor Savchenko, la réponse est peut-être à rechercher dans les racines de notre modernité. Dès lors, quoi de plus convaincant pour stigmatiser la mutation de l’Europe que le travail méthodique, analytique et incidemment terrifiant de Savchenko ? A plonger dans ses clichés, ou devrait-on dire, les clichés de notre histoire, évoquant une époque pré-atomique apparemment si brutale de simplicité, à y traquer les détournements grotesques de l’artiste, à se laisser littéralement guider par un fil rouge, nous sommes saisis progressivement de sentiments proches de l’angoisse, d’une terreur radicale : Savchenko, sous le prétexte de nous montrer le mystère du cliché, l’essence même d’une époque banalement évoquée par des poses convenues, des personnages sans drames, se veut le metteur en scène d’une histoire que l’on sait tragique, l’annonciateur de cataclysmes humains qui rendent dérisoires voire étranges ces petits détails du quotidien que nous observons sur ses photos.
Avec des symboles lourds de sens, renvoyant à des périodes sombres de l’histoire de nos peuples, il retrace les mutations que l’esprit collectif a subi au cours du dernier siècle, il dénonce le mensonge moderne, les idéologies mécanisées, le progrès dé-raisonnable.
En même temps, au-delà de la noirceur du propos, on ne peut s’empêcher de concéder une grâce tremblante à cette humanité exposée au double regard d’un objectif ancien et d’un artiste contemporain. Une grâce toute graphique, toute classique, dans les à-plats, les contrastes colorés et les nouveaux équilibres dans les images. Une grâce qui rend peut-être moins insupportable la plongée dans les méandres de notre inconscient collectif, où se nicheraient les vestiges des terribles errements d’une Europe en train de se défaire.