Nom français attaché au génie du théâtre polonais Tadeuz Kantor, Denis Bablet, directeur de recherches au CNRS, était le lien privilégié de l’homme de théâtre. Jacquie Bablet, photographe et réalisatrice est, elle, devenue aujourd’hui une référence « visuelle » absolue du travail de Kantor. Ses œuvres, son témoignage, son regard, scientifique et humain, constituent de précieux documents, quand on mesure la faculté d’oubli qui pénalise le théâtre, notamment celui de Kantor... Jacquie Bablet a, en particulier, retenu l’attention d’hommes de théâtre tels que Svoboda, Peyret, François Tanguy, ou Matthias Langhoff ; lequel écrivit ceci au Directeur du Laboratoire de Recherches sur les Arts du Spectacle : « Depuis longtemps, je cherche à trouver, en France, un photographe de théâtre (…) dont l’optique ne serait pas uniquement de visualiser de belles images, mais surtout de raconter, par le témoignage photographique, le processus de création théâtrale… ». Pour lui, et beaucoup d’autres, Jacquie Bablet possède cet « œil idéal », tellement éloigné de l’illustration, tout en allant très loin. Son regard est une rencontre, de matière sensible à matière sensible, captant le réel et l’instant, les accidents et les hasards, le fulgurant et l’immortel.
Son amour de la lumière, de la découverte, sa passion de l’image, du mouvement, de la vie, sont aujourd’hui intacts.
Les photos de Jacquie Bablet sur l'univers de Kantor fixent pour l'éternité la grâce d'un grand artiste et lui redonnent vie à chacun de nos regards, à travers le sien. A l'infini.
Michel Archimbaud