Centre d'histoire de la résistance et de la déportation CHRD 14, avenue Berthelot 69007 Lyon France
Le Centre d’Histoire prsente le travail photographique qu’Emmanuel Berry a consacr aux paysages d’Oświęcim, petite ville de Pologne reconstruite autour, parfois sur ou
travers les vestiges de l’immense complexe concentrationnaire d’Auschwitz. La beaut plastique de ses images, l’approche rsolument non documentaire du photographe offrent au muse une occasion singulire de se pencher, soixante-trois ans aprs leur ouverture, sur la question de la reprsentation photographique des camps.
Cinquante images d’Oświęcim J’espre que ce que je sais ne contamine pas ce que je vois crit Emmanuel Berry en conclusion d’un court texte prsentant sa srie photographique. Cinquante images noir et blanc s’alignent le long des murs du hall de la Mmoire, spcialement peintes en gris fonc, pour faire de chaque photographie une fen
tre ouverte sur un paysage qu’on pourrait qualifier de banal, si cette banalit n’tait teinte d’inquitude. S’appuyant sur des tirages prcis, relevant de la prouesse technique, le photographe propose une approche archologique des lieux, une promenade autour de la ville, guid par la seule volont de ne pas dire plus de choses que cela . Les abords d’Auschwitz Cette discrtion photographique, cet ct du lieu ou, plutt, du lieu malgr tout selon l’expression de George Didi-Huberman, se construit sur un angle d’approche prexistant parfaitement dfini. Quand Michael Kenna photographie l’intrieur des camps, qu’il soumet au prisme d’une esthtique trs prononce, Emmanuel Berry fait le choix dlibr de ne s’intresser qu’aux seuls abords. Dambulant dans les rues, les sous-bois, les champs d’Oświęcim, le photographe interroge les limites, les frontires du camp d’Auschwitz. En travaillant sur les entours, sur la lumire et le temps suspendu, il joue sur les codes du monde visible et du monde invisible, qu’en l’absence de toute image directe et vocatrice notre mmoire seule recompose.
Photographie et transmission de la mmoire Ce non-dit photographique pourrait dans un premier temps sembler illustrer le refus de l’esthtisation des camps, prgnant dans les annes d’immdiat aprs-guerre et condamnant toute tentative artistique, ft-elle littraire ou potique. Il dit plutt comment le geste artistique d’un individu, issu d’une gnration qui n’a pas connu la guerre, peut son tour oeuvrer pour assurer la transmission de cette mmoire. L’intervention plastique du photographe interfre sur un rel que le CHRD a galement souhait restituer au public dans toute sa plnitude.
Le photographe et l’historien Tandis que le photographe agit sur ce rel, l’historien s’y confronte, le pse, l’value, le traque inlassablement. Enqute historique et approche artistique contribuent sur des modes distincts la reprsentation et la transmission de la mmoire des camps. L’historien, spcialiste d’Auschwitz, Jean-Fran
ois Forges livre, dans l’exposition, sa propre lecture des images d’Emmanuel Berry. Il dresse un tat des lieux des recherches en cours, dfinit l’tendue du complexe concentrationnaire, dcrit les lieux et leurs fonctions. Et ajoute au trouble caus par l’interpntration du camp d’hier et de la ville d’aujourd’hui.