Mémorial de la Shoah 17, rue Geoffroy–l’Asnier, 75004 Paris France
A l’occasion du 70ème anniversaire de la « Nuit de Cristal », le Mémorial de la Shoah a choisi de revenir sur une date centrale, la nuit du 9 au 10 novembre 1938, qui marque une rupture avec la politique nazie de 1933 à 1937, ainsi qu’une étape en matière de violence et de persécutions antisémites.
Cet événement est également révélateur de l’indifférence des nations au sort des Juifs d’Allemagne et d’Autriche et, de l’incapacité des états démocratiques de contrecarrer les coups de force menés par l’Allemagne de Hitler.
Après l’échec de la Conférence d'Evian sur les réfugiés (juillet 1938) et le succès diplomatique d’Hitler lors de la conférence de Munich (septembre 1938), les nazis se sentent libres d'agir tant sur le plan intérieur qu'extérieur
Aussi, du 9 au 10 novembre 1938 en Allemagne et en Autriche se déroulent des pogroms durant lesquels des dizaines de synagogues et des milliers de biens appartenant à des Juifs, sont pillés et saccagés.
Cette nuit de terreur, organisée par le pouvoir, est présentée comme une explosion spontanée de violence populaire en réaction à l'assassinat à Paris, le 7 novembre 1938, du conseiller d'Ambassade allemand Ernst vom Rath, par un jeune Juif polonais réfugié d'Allemagne, Herschel Grynszpan.
Pourtant, dès le 8 novembre 1938, le journal du parti nazi, Völkischer Beobachter, incite les dirigeants à organiser, dans tout le Reich, des réunions antisémites. Vom Rath décède à Paris des suites de ses blessures, tandis que se déroule à Munich la traditionnelle commémoration nazie du 9 novembre. Hitler quitte les lieux sans prononcer son discours. Goebbels prononce alors une violente allocution antisémite : c'est le signal du pogrom.
Les agresseurs se ruent à l'assaut des synagogues (267 sont pillées, saccagées, incendiées), 7500 magasins sont pillés et leurs vitres brisées d'où le nom donné par les nazis de Kristallnacht ("Nuit de Cristal"). Près d'une centaine de Juifs sont assassinés, des centaines d'autres sont blessés. Environ 30 000 Juifs sont arrêtés dont 11 000 sont internés à Dachau, et près de 10 000 à Buchenwald.
Pour "réparer les dégâts", la communauté juive est condamnée à payer une amende d’un milliard de marks, prélevée sur les 7 milliards d’avoirs juifs bloqués sur les comptes bancaires, depuis avril 1938.
La société allemande et notamment les Eglises restent silencieuses.
En provoquant cette première grande manifestation de violence antisémite, les nazis veulent accélérer l'émigration des Juifs, jugée trop lente, en dépit de la politique de persécution et d'exclusion mise en œuvre depuis février 1933.
La vague d'émigration s'intensifie mais les frontières se ferment peu à peu, comme en témoigne le long périple du bateau le Saint Louis parti de Hambourg en mai 1939 avec à son bord des centaines de réfugiés juifs venant d’Allemagne, contraint de revenir en Europe faute d’avoir trouvé un pays d’accueil.
Bientôt les Juifs de toute l’Europe connaîtront le même sort.
Consciente du retentissement international de l'événement, et craignant une grande désapprobation intérieure de la violence de rue, l'Allemagne nazie est décidée à ne pas reproduire cet "antisémitisme d'émotion". Ainsi, la "Nuit de Cristal" annonce-t-elle en creux le processus légal, bureaucratique et discret que sera la "Solution finale".
Cette exposition a été conçue par le Mémorial de la Shoah
Commissaire de l’exposition : Jacques Fredj, directeur du Mémorial.
Choix des films présentés dans l’exposition : Christian Delage
Recherches iconographiques et documentaires au Mémorial de la Shoah: Diane Afoumado, Caroline François, Cécile Lauvergeon, Ariel Sion, Lior Smadja, Karen Taieb.
Recherche des films : Anne Connan, Ariane Loeb.
Coordination de l’exposition : Sophie Nagiscarde et Caroline François, Service Activités Culturelles au Mémorial de la Shoah
