Galerie Paul Frèches 12, rue André Barsacq 75018 Paris France
Revenons sur ce décalage qui existe dans tes photographies, entre le réalisme — la précision — des détails, et une mise en scène qui ne permet pas la perspective, où la profondeur est sans fin. Le fond noir pour tout décor trouble le regardeur en le privant de contexte géographique et/ou temporel.
Une tension naît de la confrontation de sujets a priori banals et bien ancrés à la réalité12 lorsqu’on y regarde de plus près (voir notamment les détails des sols dans Albe ri ou Les Animaux), et cette absence de fond.
Tu dis : « La photographie doit cristalliser un lieu de tensions sans les nommer directement. » Très concrètement, dans la série Les poules, la marge blanche accentue une tension entre le cadre et le hors cadre, on peut avoir l’impression que la poule veut sortir du cadre.
Pour les nus (Modèles), je voulais créer de petits objets, je pensais à quelque chose d’embryonnaire, des corps en miniature. J’ai cherché à aller au-delà de la nudité, ces photos ne sont ni érotiques ni pornographiques. Elles associent le plaisir esthétique, c'est-à-dire le plaisir de regarder et de voir aux questionnements que soulève le voyeurisme d’où finalement un effet de tension.
• Curiosités
Petitprez hybride les genres en tirant le portrait13 d’un arbre, d’une vache… Les règnes sont ambigus14 : cet arbre pourrait être une éponge de mer dans un fond marin, ce palmier évoquera pour certains un « pied » de mammouth — il pourrait tout aussi bien être un rocher pour un autre — et ces poules ne sont « ni tout à fait elles-mêmes, pas encore autres ».15
En outre, si la sérialité confère toujours l’apparence du scientifique, le sérieux des typologies est très vite sapé par l’ambivalence fondamentale de leurs contenus.