Kernot Art Gallery 14 rue Saint-Claude 75003 Paris France
La galerie Kernot Art en collaboration avec le commissaire d’exposition Maria Savarese, a le plaisir de présenter Paysages – Dépaysages qui regroupe le travail de trois photographes français :
Frédéric Grimaud, Magali Joannon et Olivier Fermariello. Le choix de cette exposition collective vise à montrer les différents aspects de la vision du paysage et du dépaysage contemporain lié à notre perception des choses oscillant entre réalité et artifice.
Frédéric Grimaud présente pour la galerie une dizaine de photographies extraites de la série des friches industrielles à l’origine du livre « La Mauvaise Herbe Urbaine ». Dans ce travail, le photographe nous transporte dans des usines abandonnées, nouvelles icônes du paysage contemporain. Il apporte à ces lieux son regard emprunt de son expérience initiale dans la réalisation de reportages, notamment spectacles de danse et concerts. Il n’y a pas de mise en scène dans le travail de Frédéric Grimaud ; son objectif étant de capter l’instant, mais la composition des images, sa façon de traiter la lumière, le cadre, la prise de vue, rappellent l’ambiance magique du théâtre. Les usines désaffectées prennent une allure différente, l’ambiance se charge d’une telle tension que l’on pourrait se croire dans des lieux imaginaires, pleins de charme et de mystère. Ainsi le paysage se dépaysage.
Les photographies de Magali Joannon choisies pour cette exposition font partie d’une série réalisée au Mexique. L’observation discrète et silencieuse du paysage et de la vie est toujours au centre de la recherche de cette photographe dont c’est la deuxième exposition à la galerie. Les personnages, toujours vus de loin, évoqués plus qu’observés tout comme les lieux et les objets qui composent ses photographies, semblent sortir d’une autre époque. Notre mémoire est toujours stimulé par un détail ; on reconnaît le temps passé et l’épaisseur des vies qui composent et animent ces lieux. Les éléments de ces photos nous font fluctuer entre présent et passé comme ce « chapelet » d’où semble s’échapper la route, métaphore du souvenir se juxtaposant avec l’avenir.
Poussant à̀ ses limites le décalage entre concret et la variation infinie des interpré́tations qui manifestent la relativité du monde, Olivier Fermariello construit des paysages imaginaires. Dans la série consacrée à la ville de Rome présentée à la galerie, les photographies sont obtenues par la technique de l’exposition multiple dans un intervalle d’environ une heure. À partir d'un certain nombre de prises de vue identiques, l’image finale, construite grâce à̀ l’outil numé́rique, propose une mise en scè̀ne du lieu qui compose des situations choisies parmi les instantané́s. La ré́organisation du concret n'est ordonné́e par aucune hié́rarchie : tout semble apparemment banal, sans accent, ressortir de l’imaginaire le plus commun. Ces situations n'entretiennent aucune simultané́ité́ temporelle, pourtant, toutes ont eu lieu et appartiennent à un même contexte spatial. Ces paysages recomposés baignent dans une violence silencieuse, dans une atmosphè̀re inquié́tante, l’homme y apparaît finalement étranger, flottant, comme en état d'apesanteur. L’espace se vide, lui aussi de sa consistance : les paysages urbains se révèlent n'être rien de plus qu’une copie iconique, illusoirement vraie du concret ; eux aussi provoquent un sentiment mélangé de familiarité et de gêne: on reconnait les lieux, ils sont cependant distants et indécidables, comme ces choses dont ont ne parvient pas à pénétrer le secret.