Cette exposition réunie 3 jeunes artistes dont les pratiques tournent autour d’un même centre, cette «chose» si prégnante dans le paysage arlésien : la Photographie. Sarah Ritter, Paul Fargues et Yves Coqueugniot présentent des images qui aiment dire et montrer, sans jamais se faire démonstratives ; leurs approches de la photographie cherchent à se dérober à toute définition. Ainsi, elles émigrent vers des propositions visuelles et spatiales qui suggèrent la construction d’un dialogue entre ce que montre physiquement la photographie et ce qu’est la réalité, entre le regard d’un auteur et la perception d’un spectateur.
Yves Coqueugniot
Pour mieux revisiter l’imagerie qui nous entoure et dont nous sommes submergés, Yves Coqueugniot adjoint à ses photographies-images, des textes, du son et des objets. Son approche artistique, parfois humoristique vis-à-vis d’un certain art « sérieux », s’inscrit dans l’héritage des agitateurs Dadaïstes des années 1920 et dans les démarches protéiformes du courant Fluxus des années 1970, particulièrement celle de Robert Filliou ou de Marcel Broothaers. En proposant une œuvre qui repense les statuts des images et des langages, Yves Coqueugniot situe sa pratique aux frontières du champ large de la photographie plasticienne et de l’installation d’objets-images, soulignant ainsi des déplacements de sens, autant visuels que cognitifs, et des frontières bien perméables entre les domaines artistiques.
Paul Fargues
La production de Paul Fargues est elle aussi largement prolixe. Ces séries photographiques sont emblématiques de sa démarche car elles déjouent l’ordre classique du thème (ou du sujet), et lui préfèrent la « façon puzzle », histoire de donner à voir, à jouer et à penser, histoire de « faire travailler un peu le spectateur » comme l’exprime Nicolas Bourriaud dans son approche des installations contemporaines. Les photographies de Paul Fargues s’affirment comme des « parades » au trop plein d’images et d’objets, comme des fac-similés du monde réel, représentations « à plat et grandeur nature ». À chaque spectateur alors de « refaçonner » la dimension de réalité, de chercher dans ces réservoirs d’images à « redresser » les choses photographiées.
Sarah Ritter
Interrogeant photographiquement le quotidien dans ses voyages, la démarche de Sarah Ritter porte sur les relations que les hommes entretiennent avec les choses de leur environnement : l’espace, le lieu, l’objet. L’être humain y apparaît comme un axe incontournable autour duquel le propos artistique prend son sens, sans pour autant privilégier « le sujet » en tant que tel. Cette posture insiste surtout sur la détermination à faire ou non une photographie, à choisir un instant plutôt qu’un autre. Pour mieux révéler ensuite « l’objet » photographique. Cette façon de « dé-faire » la photographie de la narration qui lui colle à la peau, propose une alternative : soit un « arrêt sur image » bien réel, sans autre chose à voir que ce qui est vu ; soit une « fuite en avant » vers une autre image. Si le propos de Sarah Ritter est d’interroger la présence physique de l’image, ces photographies restent aériennes et légères, car au poids d’un sujet, elle préfère laisser respirer l’espace.