Bibliothèque historique de la Ville de Paris 10, rue de Clichy 75009 Paris France
Visites guidées, conférences et débats vous attendent à la Bibliothèque historique de Paris et à l'Hôtel de Ville. Un dispositif d'information renforcé sur les 270 photos inédites d'André Zucca, une réflexion sur la photographie comme témoin de l'Histoire.
La Bibliothèque Historique de la Ville de Paris présente jusqu’au 1er juillet 270 photographies inédites sur une vision de la vie parisienne pendant l’Occupation et la Libération. André Zucca avait le « privilège » de disposer de films couleurs parce qu’il travaillait pour le magazine Signal, organe allemand de propagande nazie vantant la puissance de la Wehrmacht et de la Waffen SS. Un témoignage photographique qui n’en demeure pas moins important, par la qualité des vues, par sa rareté, par sa valeur historique.
Il s’agit là d’un témoignage saisissant d’une certaine vision de la vie quotidienne de certains Parisiens pendant les années noires, de l’Occupation à la Libération. Toutes les photographies sont issues de l’exceptionnel fonds détenu par la Bibliothèque - près de 12000 clichés sur le Paris occupé (10600 clichés noirs et blancs et 1058 photos couleur). Les photographies présentées ont fait l’objet de corrections minutieuses, qui ont permis de restituer les couleurs avec exactitude.
Ce que nous donne à voir André Zucca est un Paris léger, voire insouciant. Il a choisi un regard qui ne montre rien, ou si peu, de la réalité de l’occupation et de ses aspects dramatiques : files d’attentes devant les magasins d’alimentation, rafles de Juifs, affiches annonçant les exécutions… Dans ces images, nulle trace non plus de la Résistance, pourtant présente à Paris dès 1940.
Ces photographies relèvent d’une démarche très personnelle, fruits de longues promenades à travers Paris, que Zucca parcourt en tous sens. Il semble poursuivre la réalisation d’une œuvre, en utilisant une technique nouvelle, la couleur, et en donnant ainsi le sentiment de ne pas se préoccuper de ce que vivent par ailleurs les Parisiens. Il a probablement en permanence deux boîtiers sur lui : pour le noir et blanc, son fidèle Rolleiflex 6/6 avec lequel il a déjà fait le tour du monde, et pour la couleur, un 24/36 Leica. Et quelques pellicules de 15 Asa…
La pellicule couleur était encore à l’époque d’un maniement difficile pour les photos extérieures nécessitant une lumière forte, ce qui contribue à l’impression dégagée par ces photographies d’un Paris constamment ensoleillé et coloré. Individualiste forcené, Zucca joua de la couleur en esthète et photographia sans désemparer le Paris allemand, les devantures et les affiches…tous sujets qui échappaient à la censure. Ce sont ces promenades que l’exposition présente, traces étranges du travail d’un photographe au parcours ambigu, mais dont la valeur propre présente un intérêt historique et artistique incontestable.