
Travnik, Bosnie, le 4 juillet.
« Ce matin, soleil éclatant, chaleur ; je suis monté dessiner dans les collines.
Marguerites, blés frais, calmes ombrages. Au retour, croisé un paysan monté sur un poney. Il en descend et me roule une cigarette qu’on fume accroupis au bord du chemin. Avec mes quelques mots de serbe je parviens à comprendre qu’il ramène des pains chez lui, qu’il a dépensé mille dinars pour aller trouver une fi lle qui a de gros bras et de gros seins, qu’il a cinq enfants et trois vaches, qu’il faut se méfi er de la foudre qui a tué sept personnes l’an dernier. » Nicolas Bouvier, L’Usage du Monde, Extrait, Petite bibliothèque Payot / Voyageurs, 1992.
1954, 1956. Un voyage si proche de celui de Nicolas Bouvier. Martin Karplus parcourt l’Europe et les Etats-Unis entre deux sessions de science, son Leica dans la poche.
Les gens fi xent le voyageur, trompés par cet objectif à visée indirecte.
Pellicule Kodachrome. Couleurs étonnantes.
Martin Karplus prend des milliers d’images : personnages sortis tout droit de téléfi lms, cartes postales aux couleurs criardes, décors irréels. Pour ses 70 ans sa femme décide de faire tirer quelques-uns de ces kodachromes. Surprise.