Espace Contretype 1, avenue de la Jonction 1060 Bruxelles Belgique
Depuis ses premières expositions dans les années 1950, l’oeuvre photographique de Julien Coulommier a marqué le développement de la photographie artistique en Belgique. Par son travail de critique d’art, par les conférences qu’il donne, par ses relations internationales, il introduit le renouveau dans l’art photographique de notre pays et contribue «à l’acceptation de la photographie subjective en Belgique» (1).
Sa rencontre avec Otto Steinert, chef de file et théoricien du mouvement
allemand Subjektive Fotografie, est décisive car elle lui permet de s’affranchir de la photographie traditionnelle et d’un certain académisme ambiant. C’est par l’intermédiaire de Steinert qu’il entre en contact avec Serge Vandercam, photographe et peintre, avec lequel il participe à l’exposition «Images inventées» au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles en 1957. Cette exposition constitue une manifestation de grande ampleur qui vise à affirmer la photographie comme mode d'expression artistique autonome et témoigne de la capacité de la photographie d’engendrer des oeuvres non-figuratives, rejoignant ainsi les autres modes d’expression de l’époque.
Également touché par les paysages expressionnistes de l’Ecole de Laethem-Saint-Martin, Coulommier se dirige vers une photographie plus expérimentale. Surtout attiré par la nature, qui autorise de multiples interprétations et qui permet de «cultiver l’art non-figuratif», il interprète le réel pour créer des formes énigmatiques, étranges, voire inquiétantes.
Son travail personnel, qui lui apportera une reconnaissance internationale, croise aussi la route du Surréalisme. Sa période créative s’étend sur plus d’une cinquantaine d’années; il continue en effet à pratiquer son art à l’heure actuelle. On perçoit dans son oeuvre au contenu poétique incontestable à la fois une évolution dans le langage et une grande continuité.
Il projette son «petit répertoire», son «petit musée personnel» sur les choses qu’il voit, afin d’en retirer la quintessence. Son but est, en le déformant, en abandonnant l’aspect visuel qu’il trouve trop banal, de pénétrer le sujet-même et de révéler l’âme des choses. «En mettant au point ou en faussant, je parviens à capter une forme qui se détache de l’ensemble et à la retranscrire en révélant ce que j’estime être l’intérieur des choses. La nature est omniprésente, générale, elle a tout ce qu’il faut.
Il suffit d’essayer de comprendre pour pouvoir entrer dans ce monde étrange mais aussi tellement captivant.» Il considère que dans tous les moyens artistiques, le mystère et la subjectivité de l’artiste doivent être présents.