Paradoxalement, Christiane Sintès utilise la durée pour dire l’éphémère. Elle capture sa propre image, celle de son passage dans le monde, en jouant sur les alternances de l’apparition et de la disparition. La technique des clichés à l’infrarouge ou celle des sténopés, qui nécessitent des temps de pose longs, permettent étrangement de percevoir la fugacité de l’instant, le vacillement, l’entre-deux et la rumeur silencieuse du monde. En suivant les passages laissés dans les herbes foulées du sousbois, elle poursuit sa quête jusqu’aux lieux de repos éternel : sur les tombes, les visages des disparus, enchâssés dans les médaillons que le temps et la lumière ont érodés, solarisés, se révèlent pourtant, sur les clichés de Christiane Sintès, si présents à notre regard.
D. T.
«Ce qui m’intéresse ce n’est pas à proprement parler le réel, ni ce qui est au-delà, mais la confrontation, le renvoi de l’un à l’autre.
En photographiant, je tente de capter cette intuition.» C. Sintès
Née en 1951 à Limoges, Christiane Sintès vit et travaille en Isère. Après des études scientifiques, elle se forme à la photographie. Elle explore les territoires du visible et de l’invisible, en pratiquant l’autoportrait ou en poursuivant la trace d’une présence laissée dans le paysage. Elle privilégie des techniques comme le sténopé ou l’utilisation de pellicule infrarouge. Son travail a été notamment exposé à l’artothèque de Grenoble, la MAPRA à Lyon, la Galerie d’art contemporain de Mourenx, la Galerie du Larith à Chambéry, la Galerie L’oeil écoute à Limoges ; ses oeuvres sont présentes dans les collections publiques des artothèques de Grenoble, Chambéry, Annecy.