Hervé Robillard (photographie) et Nathalie Grall (gravure au burin) partagent une démarche créative nourrie de lenteur, de mystère et de méditation, une même envie de tenter de changer notre regard, de le déplacer vers de multiples ailleurs toujours recommencés. A partir d’outils différents, formes et textures, ombres et lumières, plis et contre plis, matières, lignes et transparence, dessinent chez ces deux artistes une géographie abstraite et poétique ouvrant sur un imaginaire transcendant la réalité. En filigrane, parfois, une apparition fugitive évoque, ici un vêtement rituel, là des silhouettes hiératiques ou dansantes. C’est en Asie qu’Hervé Robillard puise l’énergie nécessaire à un lâcher prise générateur d’expériences esthétiques inédites. Ses photographies nées d’une intuition juste, injectent du beau, du silence et de la sérénité dans un monde qui en manque aujourd’hui cruellement. Quant aux gravures de Nathalie Grall, elles témoignent de la volonté de transformer le réel à partir d’une impulsion réfléchie, d’un geste spontané et sûr dont le trait gardera la mémoire et nous ouvrira les portes d’un monde intérieur empreint de la poésie du presque rien et de l’ineffable. Quand les photographie d’Hervé Robillard et les gravures de Nathalie Grall dialoguent fortuitement le temps d’une exposition, elles ouvrent l’espérance mais aussi l’illusion que nous pouvons saisir, ne serait-ce qu’un instant, la face cachée des choses. Françoise Objois
Mars 2008