Les Greniers à Sel rue de la Ville 14600 Honfleur France
Au gré parfois du hasard mais le plus souvent de recherches systématiques, Deidi von Schaewen parcourt le monde à la recherche d’architectures imaginées par des bâtisseurs qui ignorent ou refusent les règles communes. Elle s’est intéressée, entre autres, à de modestes constructions faites de bidons récupérés, que réalisent des populations seminomades de Mauritanie. Le dépassement de la simple fonctionnalité fait de ces constructions de réelles créations qui dénotent une intention architecturale inattendue avec de tels matériaux. Leur accumulation en série dégage des constantes, des variations, des singularités et garde témoignage de ces créations anonymes et éphémères.
Au gré parfois du hasard mais le plus souvent de recherches systématiques, Deidi von Schaewen parcourt le monde à la recherche d’architectures imaginées par des bâtisseurs qui ignorent ou refusent les règles communes, du palais fantastique à la hutte la plus modeste. Plus largement, depuis quarante ans, elle s’intéresse à tout ce qui, dans la ville, sur les murs, sur les trottoirs, bouleverse nos habitudes et nos règles, s’écarte du banal.
Au cours de multiples séjours en Afrique, elle s’est intéressée, entre autres, à de modestes constructions faites de bidons récupérés et retravaillés, que réalisent des populations semi-nomades de Mauritanie afin d’y entreposer matériels et marchandises. À l’évidence, le dépassement de la simple fonctionnalité fait de ces constructions de réelles créations qui dénotent une intention architecturale inattendue avec de tels matériaux. Loin de l’assemblage approximatif habituel aux bidonvilles, les formes rigoureuses, l’emploi et la répartition des couleurs, le choix des motifs traduisent un choix esthétique, la mise en oeuvre d’un modèle qui a d’ailleurs plus à voir avec celui de la maison traditionnelle occidentale, avec son toit à deux pentes, qu’avec celui de l’architecture vernaculaire mauritanienne. À matériau importé, rêve importé : ici s’exprime l’inventivité africaine.
Deidi von Schaewen adopte une esthétique minimale, documentaire, apparemment sans affects où prime le choix du juste point de vue, celui qui rend compte de la structure des constructions, de l’agencement des matériaux et des couleurs. La présence de l’auteur réside dans sa volonté de décontextualiser chacune de ces constructions pour en faire un pur objet à la force plastique surprenante ; elle se manifeste dans sa quête opiniâtre à constituer une série – par définition jamais achevée – qui donne son véritable sens à chaque image, dégage des constantes, des variations, des singularités, par le sentiment d’urgence que Deidi von Schaewen ressent de garder témoignage de ces créations anonymes et éphémères.
J.-C. F.