Les Greniers à Sel rue de la Ville 14600 Honfleur France
Dans ce voyage comme dans ses précédents,Yann de Fareins nous entraîne vers des lieux de culte ou de pouvoir chargés d’histoire, où émergent du chaos naturel les restes de constructions cyclopéennes. En illusionniste malicieux, en poète du regard, il nous invite à le suivre dans une Atlantide qui n’est autre qu’un continent enfoui en nous-mêmes.
Le regard que Yann de Fareins pose, durant ses voyages, sur la nature et l’architecture est marqué par une esthétique minimaliste et une dimension sacrée qui nous confrontent au devenir des choses et des civilisations. Dans ce voyage comme dans ses précédents, il nous entraîne vers des lieux de culte ou de pouvoir, chargés d’histoire, aux formes géométriques élémentaires : pyramides à degrés, coupoles hémisphériques, portiques rectangulaires ou alignements circulaires. Un monde minéral où la roche et la pierre taillée des bâtiments sont vouées à la dégradation qui les réduit au même sable mais où le temps semble suspendu, baignant toute chose d’un silence et d’une lumière de soir du monde.
Nous sommes dans un après, peut-être un après-l’homme. L’emploi du noir et blanc et du sténopé participe à cette impression contradictoire de réalité brute, celle d’une empreinte, et de souvenir lointain.
À y regarder de plus près, pourtant, ces temples, ces citadelles, ces palais, ces mégalithes n’ont rien de bien réel. Des sautes d’échelle, des granulations trop fortes, des aberrations de perspective trahissent la fiction d’un univers lilliputien, révèlent ce qui pourrait passer pour une supercherie. Car le propos de Yann de Fareins n’est pas la reconstitution minutieuse d’une réalité, fût-elle imaginaire, mais un jeu de cache-cache avec la vérité, avec notre vérité : il cherche non à nous tromper mais à nous détromper sur nous-mêmes. Il est en effet aisé de déjouer ici les pièges – bien mal dissimulés – du faux-semblant et ce
n’est pas notre aptitude à les reconnaître qu’il défie mais la contradiction qui réside en chacun de nous entre notre clairvoyance et notre désir de croire. En illusionniste malicieux, en poète du regard, il nous invite à le suivre dans une Atlantide qui n’est autre qu’un continent enfoui en nous-mêmes.
J.-C. F.