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C’est avec une ironie non dissimulée que les deux acolytes slovènes Vuk Cosic et Matej Andraž Vogrincic se sont autoproclamés directeurs d’une maison de mode imaginaire intitulée « History », structure productrice de non moins fictives collections dont « History Homme » est la première occurrence, annonçant « History Enfant », « History Chien » et bientôt « Résistance Homme ».
Sous le prétexte fallacieux d’un improbable parallèle entre le cours de l’histoire et la saisonnalité des collections propre à l’industrie de la mode, ils nous proposent dans cette série rien moins que les étoffes portées par les illustres protagonistes de moments clés de l’histoire mondiale récente.
Le modus operandi passe d’abord par l’appropriation d’images suffisamment inscrites dans notre imaginaire collectif pour permettre l’identification des moments historiques convoqués et de leurs acteurs, telle la fameuse photo d’Eddie Adams saisissant en direct l’assassinat en pleine rue d’un prisonnier Vietcong par le chef de la police sud-vietnamienne. Ce faisant, la frivolité du monde de la mode, rythmé par ses « Fashion weeks », se trouve brocardée par la juxtaposition de ses attributs avec des images ayant pour dénominateur commun la violence sourde ou affichée de la guerre. Vendre cyniquement à ses clients du « Churchill Camel » ou du « Stalin
Red » ou comment railler la « fashion victimisation » d’un monde où la récurrence des collections de modes semble désormais voler la vedette aux cycles de la grande Histoire.
Le détournement combiné des codes visuels de l’investigation historique et de l’échantillonnage façon cahier de tendances, s’accompagne d’une littérature tout aussi captieuse convoquant des représentants de la culture française censés attester de la sériosité de l’entreprise. « History Homme » c’est beau comme la rencontre fortuite d’Yves St Laurent et de Fernand Braudel dans un bureau de style.
Lise Viseux
Avril 2008
