J’ai cette photographie tout le temps dans la tête. Cela arrive avec certaines images, qui s’inscrivent littéralement dans la mémoire. C’est le cas de cette photo – un enfant-cyborg, une fille-poupée, qui regarde les spectateurs avec ses yeux (en verre ?) inquiétants.
Lorsqu’il m’arrive, lors de mes cours, de dire aux étudiants que nous sommes tous un peu des cyborgs, ils ont d’abord l’air plutôt consternés. Mais si on y réfléchit, on voit que la frontière qui divise le monde réel du monde virtuel est très fine, que ces deux mondes s’interpénètrent et s’influencent réciproquement, et que rester dans le monde virtuel peut être vraiment « réel ». Ceci permet de comprendre un peu mieux que notre condition est une condition de cyborg.
De plus, une autre question se pose : est-ce que nos corps sont vraiment des corps « naturels » ? Combien parmi nous portent des lentilles de contact, des audioprothèses, des stimulateurs cardiaques, des prothèses, etc. ? Est-ce que « le corps naturel » existe si la « nature » n’est en fait qu’une construction culturelle ?
Iza Kowalczyk - 30.05.2006