Maison de l'Architecture et de la Ville Place François Mitterrand Lille
Le concept de la « non identité » incarné par le lieu – ou le non lieu-.
Les individus prennent l’identité des lieux qu’elles habitent ou font en sorte que ces lieux reflètent leur identité. Cette tendance s’est modifiée au cours de l’ère contemporaine pendant laquelle l’industrialisation puis la post-industrialisation, les grands mouvements migratoires du XXe siècle, l’évolution des moyens de transport et de communication, et d’autres facteurs relatifs, ont sensiblement modifié notre perception du monde.
L’une des conséquences de ces changements est le phénomène de « désidentité » ou de non identité de lieux et de personnes dans le monde occidental.
Les villes conservent leurs centres historiques mais s’orientent vers un modèle dont le centre constitue un lieu inhabité hébergeant hôtels, monuments, centres commerciaux et bureaux. Mais qu’en est-il des habitants de ces villes ? Les citadins, poussés par cette tendance, migrent vers les périphéries urbaines où abondent les zones résidentielles pourvues de toutes les nécessités en matière de travail, de santé, d’éducation, de loisirs, etc. Avant de se convertir en annexes de méga métropoles, les territoires dont nous parlons étaient des champs consacrés à la culture et à l’élevage ou encore des petits villages dont la place dans l’histoire reste discrète et dont les habitants actuels suivent un schéma de conduite similaire. Il en résulte des villes d’usage, dont les critères pragmatiques gouvernent l’esthétique, l’historique et l’identité.
D’un point de vue technique, j’aborde la photographie selon une approche sobre dans laquelle la frontalité des images, des plans fermés, la géométrie de la composition et, surtout, le traitement de la lumière, font office de fil conducteur. Je prends également en compte l’absence physique en opposition à la présence suggérée d’activité humaine. Mes sujets sont des lieux du quotidien : rues, stations service, bureaux, parkings… Il s’en dégage une atmosphère oppressante et inconfortable, teintée d’une aura mystérieuse. Mon intention est de disséquer l’espace, dans une tentative d’observation neutre du lieu, lorsqu’il est déserté, en cherchant à confronter le spectateur à une scène de sa propre réalité vue selon une autre perspective et à des heures peu fréquentées.
Victor M. Fernandez
Lauréat 2007 du concours "Bourse à la Création"