Rinko Kawauchi
Art 77 - Antoine de Vilmorin 77 rue des Archives 75003 Paris France
Rinko Kawauchi, née en 1972 dans la province de Shiga, est l’une des photographes les plus talentueuses de la jeune génération japonaise. Elle revient en France, pour une exposition personnelle organisée à Paris par Antoine de Vilmorin du 4 avril au 3 mai 2008.
Les quarante photographies choisies pour cette exposition proviennent de la série « Utatane » - mot japonais qui définit un état mi-éveillé mi-endormi, rassemblées dans un des livres publiés par l’artiste.
Elles témoignent de l’attention extrême que Rinko Kawauchi porte à toutes ces « petites voix qui lui chuchotent depuis son enfance » - selon sa propre expression, et qui sont à l’origine de cet univers intime déployé dans une esthétique singulière. « Utatane » nous donne à voir tout un univers constitué de fragments infimes, d’instants fugaces, qui illustrent la notion de naissance, de vie, de mort, et du temps qui passe.
Quelle que soit son humeur, Rinko Kawauchi dit prendre des photos d’une manière aussi naturelle que boire du thé ; elle saisit les choses qui la frappent, que ce soient des insectes, des enfants ou des animaux, des détails anodins et des choses minuscules où la notion d’éphémère est souvent présente.
Son travail construit un inventaire inépuisable dont le propos, sans le démontrer explicitement, est souvent de mettre en évidence les similitudes et liens entre l’espèce humaine avec la nature ou le monde animal
Décrire ses photos peut sembler évoquer la banalité du monde: une poêle avec des oeufs à frire, un cordage usé, un enfant vu de dos,un insecte mort etc.
Mais derrière ces images apparaît toujours une autre dimension.
Car si son regard se nourrit de la diversité de son quotidien, c’est pour en révéler la charge poétique avec une délicatesse toute japonaise.
À travers ses photographies, l’artiste nous invite à une nouvelle manière de regarder, de prendre le temps, et de s’émerveiller.
Son utilisation sans artifice des lumières et des couleurs naturelles ,et sa proximité avec son sujet, nous fait entrer dans une autre échelle de la réalité.
Rinko Kawauchi fait entrer la photographie dans le champ de la poésie.
Une poésie qui n’est toujours de l ordre du merveilleux mais bien au-delà.
Kishin Shinoyama, un célèbre photographe japonais contemporain dit d’elle : « ceux qui pensent que ses photos ont un objectif bienveillant ou pour but de créer de la joie – ce qui est à la mode aujourd’hui – font une grossière erreur : ces photos sont aussi effrayantes, cruelles et érotiques.
Elles sont aussi à l’image de la vie, parfois acres ».
Pas de dispositif sophistiqué,pas de manipulation,pas d installation,pas de concept,mais un récit ouvert dans langage puissamment habité par une vision intérieure.Son univers correspond à une nouvelle sensibilité dans la photographie contemporaine.
Révéler la fragilité du monde tout en célébrant sa beauté, parfois trompeuse, voilà ce qui habite sans doute chaque oeuvre de Rinko Kawauchi.
Ainsi elle éduque notre regard qui ne sera désormais plus tout à fait le même.