merle noir, tirage argentique, 40 x 50 cm, 2006, Ed. 10 ex.
« Ces oiseaux sont méchants, mais est-ce là l'important, puisque transcendés par l'artiste, ils sont « oeuvre ». Leur regard étonné par l'intrusion du photographe, dont ils semblent se défendre, ils nous regardent, et nous les regardons. Et voilà que ces oiseaux naturalisés ressuscitent : ils sont là, en face de nous, prêts à s'ébrouer, à s'échapper... »
Charles Zalber
Après avoir été exposées au Muséum National d'Histoire Naturelle de Paris en 2006, sillonné plusieurs Musées de France, les photographies en grand format d'Emmanuel Berry de la série « les oiseaux de Sens » retournent dans leur lieu d'origine (Orangerie du Musée de Sens) en février 2008.
En même temps, la galerie PHOTO4 présentera les tirages argentiques au format 40 x 50 cm ainsi que des inédits de la même série.
Depuis le début, bien longtemps déjà, j'ai vu ce presque rien, ce bout d'image se figer et se noyer dans mon âme. Je crois à ce jeu maintenant, celui qu'impose la photographie lorsqu'elle nous fait face, d'être à peine de l'autre côté du miroir.
Puis j'ai découvert les "Oiseaux de Sens", formes d'animaux définitivement non-voyants. Le geste fut simple et contrôlé : réaliser des portraits photographiques pour les agrandir en tableaux et ainsi se sentir à nouveau observé par ce qui reste de nous-même.
Emmanuel Berry
Au loin des nids
La photographie, pudiquement, empaille ceux-là : proches, qui s'étaient posés en nos collections absurdes, en nous et en nos rêves. L'image comme l'aquarium se hume après coup ; l'appareil survit discrètement au loin des nids. De jour nous ne faisons plus rien ; eux comme nous le savent bien.
Après quoi nous rêvons et ces rêves malentendus crèvent les matins. Les listes fades de pensées, de photographies et de dires s'enchaînent avec sérieux et soudain c'est le soir.
Il y a donc rêve et rêve ; mieux vaudrait atterrir auprès des oiseaux et ne plus songer. Mais le réveil inflige une grappe de mots : bouteille, poire, pinceau, ciseaux, oiseaux...
Nous volerons encore le noir, les nuages et le blanc.
Yves Guillot