Images du Pôle 24 rue de Limare 45000 Orléans France
Après avoir découvert un secret de famille (son grand-père était tzigane), Valérie Leray se plonge dans les archives pour rechercher des informations sur ses origines. Elle retrouve le “CARNET ANTHROPOMETRIQUE D’IDENTITE DE NOMADE” de son arrière-grand-père, réalise qu’il a été interné par l’Etat français pendant la seconde guerre mondiale et décide d’exposer en pleine lumière un sujet tabou: la France a interné pendant six ans les nomades qu’elle a pu rafler.
La photographe est retournée sur les lieux d’internement des gens du voyage et ses clichés témoignent de l’effacement des traces de cet emprisonnement. Avec ses propres moyens, le témoignage photographique sur ces lieux de mémoire, Valérie Leray lutte d’abord contre l’oubli d’une part dramatique de la saga de sa propre famille mais se bat ensuite contre l’occultation des pages sombres de notre histoire collective. A l’heure où la société française s’interroge sur l’immigration et son contrôle, Valérie Leray part sur les traces des pratiques administratives françaises, de l’avant-guerre jusqu’à nos jours, face à l’épineuse question des populations nomades.
Ce contrôle administratif est évoqué dans l’exposition par une collaboration de l’artiste avec Stéphanie Dachary, qui présente des empreintes géantes taillées directement dans le bois, réalisées au Pakistan, pays d’origine supposé des Tziganes et de notre population indo-européenne.
Inventer un tampon, recréer un document administratif comme le Carnet anthropométrique d’identité questionne la nature d’une archive et d’un document historique.
Sortir une archive de la poussière d’une administration pour l’exposer, la falsifier revient à la transformer en preuve ou en oeuvre d’art?. Valérie Leray a bâti un réquisitoire contre la tentative de marquage, de contrôle des hommes par l’administration ou une installation artistique anarchiste et libertaire?
Valérie Leray joue avec les codes de l’art et du document pour témoigner d’un passé proche, volontairemnt négligé. Ses images subjectives, ses falsifications de procédures administratives, bouleversent les codes du reportage, du document, de la preuve. Un jeu de piste ambigue aux frontières de l’art et du réel qui brouille la position traditionnelle du photographe. Une démarche originale volontairement ambigüe à la fois neutre et interventionniste.
Denis Angus