
Le Café Français 43 Rue Ernest Allard 1000 Bruxelles Belgique
Pierre Sernet a étudié l’art aux Ateliers du Carrousel du Musée du Louvre, à Paris. Après des débuts de photographe, il est âgé d’à peine plus de vingt ans lorsqu’il quitte la France pour s’installer aux États-Unis où il mène une première carrière dans les affaires. Il y a dix ans, il est revenu à ses premières amours et à sa vocation, la pratique des arts visuels. En 2002, il commence à exposer plusieurs groupes complémentaires d’images couleur à grande échelle qui explorent la nature des liens entre les êtres à travers les nationalités, les générations, les ethnies et les moments de l’histoire. Depuis son retour à l’activité artistique, il a exposé dans de grandes galeries et d’importants musées, aux États-Unis et ailleurs dans le monde.
Les photos de la série « One » (« Un »), au titre révélateur, représentent des hôtes choisis, d’horizons très différents, partageant un bol de thé avec l’artiste revêtu d’un kimono. Pierre Sernet, qui étudie de longue date la très formelle cérémonie du thé japonaise à l’école Urasenke de New York, a appris à accomplir ce rituel dans un environnement traditionnel où chaque élément (fleur, vase, rouleau vertical, louche ou autre) et chaque geste (salut, mélange à l’aide du fouet, présentation du bol, etc.) est porteur d’un sens bien précis. Pour les photos présentées dans la série « One », l’artiste a toutefois remplacé la traditionnelle maison de thé par un cube portable de la même taille, fait de bois et de tubes de métal démontables. Transportant cet « espace conceptuel » dans des lieux apparemment improbables du monde – une favela de Rio, Times Square à New York, le Désert du Thar en Inde, une salle de Pachinco à Osaka – l’artiste crée dans chacun de ces lieux un mini-refuge qui lui permet de se livrer à la contemplation et à des rencontres d’amitié avec des inconnus curieux. Ainsi, chacune des personnes invitées à participer à ce vénérable rite japonais est en fait libre d’apporter au sein du cube vide que lui propose Pierre Sernet ses propres réactions et son propre construct. Le moment de paix qui semble invariablement s’installer suggère fortement que, lorsque les circonstances s’y prêtent, des mondes et des philosophies pourtant incompatibles en apparence peuvent être rapprochés de manière productive. Lorsque l’hospitalité est adroitement exercée, les valeurs les plus élevées que l’humanité partage sans le savoir, émergent par le biais d’une civilité artistique.
Face By Pierre Sernet
Les gros plans extrêmes de la série « Face » (« Visage ») représentent les visages de statues de nombreuses cultures et périodes historiques différentes. Chaque image, cadrée de manière à faire ressortir les yeux de l’homme, est dépouillée des attributs et ornements sociaux secondaires. Chaque image est en revanche tournée vers ces « fenêtres de l’âme » et vers les éléments physiologiques de base de la structure du visage qui transcendent les caractéristiques raciales ou ethniques. Front d’adulte, nez, lèvres et yeux sont considérés comme présentant une relation mathématique quasi constante dans le temps et l’espace. Le résultat est une sorte de portrait composite de l’Homme, un relevé de la surprenante uniformité de nos représentations de notre moi le plus intérieur. Pourquoi, sommes nous ainsi amenés à nous demander, y a-t-il une telle similitude entre le regard de ces icônes -qui vont de seigneurs assyriens à George Washington, de champions grecs à des sages orientaux – que des groupes très différents ont choisi de créer et de préserver ? Ce que nous voyons ne figure-t-il pas en fait ce que nous avons véritablement de commun, gravé dans la pierre ? Le regard que ces têtes de statues tournent vers nous peut à son tour déclencher une introspection critique. Méritons-nous leur compagnie ? Exprimons- nous l’essence profonde de notre être aussi bien qu’eux ? Leur regard ne vacille pas, rappel salutaire et sans faille de notre lot commun. Vivre dans le présent, même dans la joie, c’est aussi se soumettre à regard scrutateur de nos compagnons et du passé.