Les îles de la méditerranée constituent une barrière de plus en plus difficile à franchir pour ceux qui décident de fuir leur pays ravagé par la guerre, la faim ou la misère économique.
Pour certains l’exil commence en barque, tandis que d’autres sont partis de chez eux depuis quelques années. Ils ont traversé des frontières, se sont retrouvés sans argent, perdus ou morts.
La mer est le dernier obstacle à franchir avant l’Europe. Les migrants, qui passent finalement la porte, traversent incognito le mirage de la terre des droits de l’homme. Lampedusa, Palerme, Malte, les îles grecques de la mer Egée ou Chypre sont devenus des «territoires d’attente» où en matière d’immigration, nos gouvernements expérimentent et pratiquent l’enfermement systématique,
de nature physique ou psychologique à travers l’existence de camps toujours de plus en plus nombreux.
A travers ce reportage photographique Elisabeth Cosimi témoigne des conditions d’existence quotidiennes de ces “brûleurs de frontières” retenus sur les îles de la méditerranée.
Empêcher des personnes de passer une frontière, d’entrer sur un territoire, les assigner à «résidence» soit légalement soit par harcèlement policier, les enfermer pour s’assurer de la possibilité de les renvoyer, les emprisonner pour les punir d’être passé, telles peuvent être, parmi d’autres, les multiples formes de cette «Europe des camps».
Aujourd’hui en Europe, les camps d’étrangers vont de la prison, aux insulaires centres de rétention construits au gré des naufrages ou des débarquements comme les “Centri di permanenza temporanea” italiens ou les camps-tampons de Lampedusa ou de Malte situés entre l’Union européenne et les régions d’origine des migrants.
Une des fonctions essentielles de ces lieux est la mise à l’écart physique et juridique des étrangers pour les rendre invisibles. Hafiz, Omar, Moktar, Ibrahim et tous les autres demandeurs d’asile rencontrés dans ce périple croyaient devenir libres en Europe. Ici où “l’on pensaient trouver les droits de l’homme” le temps est suspendu. Dans une chambre, une cour interieure ou derrière des barreaux, ils attendent que le verdict des administrations leur redonne une identité et surtout un peu d’espoir dans l’idée que la liberté existe quelque part sur cette terre....