Le 16 décembre 2006, les Enfants de Don Quichotte installent un campement de sans-abri au coeur de Paris, sur les rives du canal Saint-Martin. Ils appellent alors des « bien logés » à venir dormir ici pour manifester leur solidarité avec un mouvement qui s’étendra à la France entière. Sur place, le 18 décembre, je découvre deux saignées de tentes rouges et rencontre, tout autour, des femmes et des hommes forts d’une détermination inouïe. Dans la foulée, j’écris un texte que Libération publie le 25 décembre sous le titre : « SDF : Mettre en scène l’obscène ». À partir de cette date, je collabore à l’animation du mouvement, et écris notamment la plupart des lettres publiques de celui-ci. Des comptoirs de rades du canal jusqu’aux bureaux du Ministère, je rapporte en outre des notes personnelles, et consigne ainsi le pas à pas d’une action, ses impasses, ses épreuves, ses victoires. Réunir tous ces écrits, jusqu’à une dernière tribune publiée le 18 septembre 2007 dans Libération sous le titre « La Chasse aux miséreux», revient à verser des pièces à un dossier toujours brûlant. Afin que celui-ci demeure ouvert. Sébastien Thiery. Le 1er janvier 2007, je retrouve Sébastien Thiery sur les rives du canal Saint-Martin. Le temps d’une matinée, je parcours et observe ce que d’aucuns nomment alors un « camp fortifié ». Je parle avec des femmes et des hommes qui, ici-même, ont planté leur tente pour, comme un seul homme, se redresser et mener un véritable combat au nom de la dignité. Entre ces personnes, un fil d’espoir est tendu, matière vive que je traverse et capte enfin. Les rives du canal dessinent un port d’attache, point d’ancrage pour chacun, point de départ pour tous vers un temps qui, nécessairement, doit devenir meilleur.
Laurent Malone.
Photographies de Laurent Malone & textes de Sébastien Thiery
Format 17 x 24,5 cm, 210 pages
Constitué de planches non façonnées regroupant un ensemble de photographies et de textes - Editions Intégral