
Le nouveau livre du photographe américain Andrew Petkun
Par Helen Rouce
Rédactrice du Washington File
Washington - Dans son nouveau livre de photographies, le photographe américain Andrew Petkun porte un regard empreint de compassion sur les nombreux Africains victimes du sida.
Intitulé en anglais The HIV/AIDS Pandemic in Sub-Saharan Africa - A Human Perspective (La pandémie de sida en Afrique subsaharienne - L'aspect humain), ce livre a été publié en décembre 2004 par l'ambassade des États-Unis à Nairobi (Kenya), à l'occasion d'une exposition de photographies organisée dans le cadre de la Journée mondiale de la lutte contre le sida.
Dans l'introduction de son livre, Andrew Petkun déclare : « Nous sommes tous facilement la proie d'une maladie qui ne respecte ni la couleur de peau ni la race ni les convictions religieuses ou politiques, et il nous faut y faire face dans l'intérêt de tous.
« Je pense que la photographie peut être un instrument utile pour s'attaquer à la pandémie de sida et pour donner aux gens l'occasion de s'identifier à d'autres personnes, dont un grand nombre paraissent être en très bonne santé, mais doivent faire face aux ravages de la pire crise que le genre humain ait connue en matière de santé publique. »
Il indique qu'il espère avoir photographié ses sujets « comme ils voulaient être représentés, avec respect et avec humanité », de sorte que « nous puissions, nous autres, tirer des leçons de leur courage et de leur exemple et entamer une conversation. »
Le monde occidental, dit-il, devrait comprendre que des millions de personnes ne font pas que mourir du sida, mais qu'elles continuent de vivre avec espoir et avec dignité. L'une de ses photographies montre un jeune homme au sourire éclatant qui s'appuie sur une bicyclette. C'est un pâtre kényan âgé de vingt-quatre ans, qui est séropositif depuis cinq ans et qui est l'opprobre de son entourage. « Nous ne sommes pas des victimes, ni des malades, a-t-il dit. Nous sommes seulement des séropositifs. De nombreuses personnes dont la maison est en feu ne veulent pas l'admettre. Elles préfèrent rester à l'intérieur et souffrir. »
Pour sa part, M. Petkun souligne que les mentalités dans les pays en développement doivent changer pour accepter les nouvelles réalités et pour tendre la main aux séropositifs.
Dans sa préface du livre, le directeur de la mission du Centre d'épidémiologie des États-Unis au Kenya, le docteur Kevin M. DeCock, donne quelques statistiques sur l'ampleur de l'épidémie : plus de 25 millions d'Africains sont séropositifs, plus de 80 % des femmes et des enfants séropositifs dans le monde sont Africains et plus de 80 % des orphelins du sida dans le monde vivent en Afrique.
« On dit souvent que les statistiques sont simplement des personnes sans les larmes », a fait remarquer M. Petkun, lors de l'interview qu'il a récemment accordée au Washington File. « La photograhie, si l'on s'en sert à bon escient, peut être un instrument puissant, car elle ajoute un aspect humain à notre compréhension des conséquences de la pandémie, ainsi qu'un moyen utile de la défense de la santé et des droits de l'homme dans le monde entier. »
Les pays les plus touchés en Afrique se trouvent dans l'est et dans le sud de ce continent, et c'est là que M. Petkun a fait le plus de photographies.
De couleur sépia, ces photographies sont regroupées dans un petit volume. Que ce soit la photographie de trois orphelins kényans assis stoïquement sur la tombe de leur mère, morte du sida la semaine précédente, ou la photographie d'un bébé prématuré zambien qui ressemble plus à un vieillard desséché qu'à un nouveau-né, M. Petkun réussit à montrer le courage et la dignité calmes de ses sujets.
Il montre aussi dans d'autres photographies la joie qui demeure même dans des situations tristes : une future infirmière qui a perdu ses deux parents à cause du sida a un sourire radieux ; des orphelins rwandais, dont un grand nombre doivent s'occuper de leurs jeunes frères et sœurs, ont le visage rayonnant alors qu'ils se pressent près du photographe ; une fillette dans une résidence abritant des femmes et des enfants séropositifs en Afrique du Sud embrasse un enfant plus jeune tout en regardant avec joie l'appareil photo.
La dernière photographie est celle d'une bénévole de la Croix-Rouge au Zimbabwe. Mère de quatre enfants et séropositive, elle tourne le dos au photographe, et sur son T-shirt on peut lire : « Propagez la nouvelle, mais pas la maladie : le sida tue. »
C'est là le message que M. Petkun tient à transmettre de façon urgente. Dans la fin de son introduction, il déclare : « Cette maladie terrible ne peut être arrêtée que de la même manière qu'elle se propage : une personne à la fois. Dans la mesure où mes photographies faciliteront cette lutte, je suis heureux d'y participer. ».
Pour de plus amples renseignements sur l'œuvre d'Andrew Petkun et sur son action en faveur des victimes du sida, veuillez consulter le site Internet suivant :