Samedi 10 Novembre 2012 20:57:47 par actuphoto dans Expositions

Depuis plusieurs années, Jean Pecoul entreprend de portraiturer les silhouettes et les visages de personnages aixois qu'il rencontre et qu'il affectionne. Parmi les centaines de photographies qu'il a réunies, la galerie a choisi de montrer dans l'environnement de leur atelier, dans leur éventuelle intranquillité ou bien dans le questionnement de leurs visages, quinze portraits d'artistes. Ces artistes ont simultanément accepté de présenter rue du Puits Neuf, en petits ou moyens formats, l'une de leurs plus récentes oeuvres. La confrontation d'une oeuvre et du visage de son auteur constitue l'un des enjeux de cette exposition qui souligne la diversité des trajectoires et des tempéraments, les écarts et les nuances qui s'expriment à l'intérieur du creuset d'Aix en Provence. Les coprésences de ces quinze artistes permettent de mieux saisir quelques-unes des singularités et des constances des personnalités qui animent le paysage de la création contemporaine. A côté d'une silhouette solidement consacrée comme celle de Jean-Marie Sorgue - il fut au lycée Mignet le professeur de dessin de plusieurs générations et suscita d'importants catalogues d'expositions composés par Bruno Ely au Musée des Tapisseries - on découvrira dans l'intimité de leur lieu de travail des personnages comme Sama, souvent aperçu pendant la dernière décennie dans la galerie Vidal-Naquet de la rue Gaston de Saporta ou bien comme Henry Le Chénier qui fut au milieu des années 80, dans le cloître du Lycée Vauvenargues, le commissaire d'expositions de grande qualité, à propos des linogravures de Picasso, de Mario Prassinos, de Marc Le Bot ou bien de Valerio Adami. Dans la proximité du grand cèdre de la bastide où il séjourne, on apercevra Jean-Pierre Blanche dont l'oeuvre qui figure dans les collections publiques d'Aix ainsi qu'au Musée Fabre de Montpellier, fut par deux fois présentée par Marianne Bourges et par Michel Fraisset à l'intérieur de l'Atelier Cézanne du Chemin des Lauves. Les identités des artistes sont souvent multiples. Des écrivains comme Gérard Khoury ou bien comme le poète touareg Hawad sont des plasticiens inventifs dans le domaine de la céramique ou bien de la calligraphie. De même, il faut imaginer l'engagement personnel de Denis Coutagne, le responsable de l'exposition Cézanne 2006 qui pratique assidument la peinture dans l'ombre de son métier de conservateur du Musée Granet. Par ailleurs, trois responsables de galeries aixoises - Jean Poitevin qui anime une galerie rue Lisse des Cordeliers, Monique Faillard de la galerie Laurin et Eric du Maroussem de L'Atelier de la rue Manuel - sont à la fois des créateurs et des médiateurs de l'art d'aujourd'hui. Simultanément on appréciera les qualités du travail de Jean Pecoul qui est parvenu à surprendre et à traduire pendant le début de ce vingt et unième siècle avec autant de ferveur que de malice, les moments de solitude, les physionomies et les attiudes de ces artistes. Dans un espace à l'intérieur duquel les meilleurs créateurs du Pays d'Aix furent rarement portraiturés - Claude Gondran ou bien Henry Ely n'avaient malheureusement pas oeuvré en compagnie de Cézanne, on dispose de trop peu de documents qui permettent d'exemplifier la vie quotidienne d'André Masson ou bien de Pablo Picasso dans leurs ateliers du Tholonet et de Vauvenargues - le travail de Jean Pecoul se révèle extrêmement précieux. Secrétées avec beaucoup de vigilance et de gentillesse, avec un sens profond de la réserve, du silence et de l'acquiescement qu'il faut conserver vis à vis d'un créateur, ses images constituent ici et maintenant un étrange mixte de précarité et de fermeté, un lieu de mémoire et de résistance en face de l'indifférence et de l'oubli qui peuvent entraver une création. Ses photographies façonnent un espace de rencontres et d'amitiés, l'un des plus passionnants gisements que l'on puisse réunir à propos des entrecroisements et des singularités des vies minuscules qui composent la chronique d'une cité.