Expositions du 21/09/2007 au 17/11/2007 Terminé
Galerie Paul Frèches 12, rue André Barsacq 75018 Paris France
Pour sa rentrée, la galerie Paul Frèches est heureuse de présenter la première exposition parisienne de Rémy Lidereau (1979-), une série de photographies dont le titre suscite inévitablement interrogation et tentative de
décryptage de l'image : Trompe-l'oeil.
Ensembles urbains, semi urbains ou paysages : des lieux dont émane un sentiment d'étrangeté sont prétextes à la
reconstitution d'une réalité trompeuse, et, inversement, à la reconstruction trompeuse de cette réalité. Rémy Lidereau
nous propose de voir le monde à travers un regard atypique, utilisant les codes de la photographie contemporaine tout en se tournant vers l'une des problématiques originelles de l'esthétique photographique : son rapport à la réalité.
La série Trompe-l'oeil correspond à l'aboutissement d'un véritable cheminement formel et conceptuel dont
nous avons souhaité ici évoquer les principaux jalons. En effet, certaines photographies des séries évoquées dans ce chapitre intégreront a posteriori la série Trompe-l'oeil, tandis que La Calade constitue un tournant et l'introduit à bien des égards.
Bref, autant de clins d'oeil qui aideront à appréhender au mieux la démarche de Rémy Lidereau
« La Calade », une cité idéale ?
Dans le village de Rognonas, que le photographe perçoit dans une certaine mesure comme un lieu plutôt terne, existe un îlot coloré, « quasi utopique » dixit Rémy Lidereau.
À ce détail près que nous sommes ici dans la réalité.
La netteté de l'image, la froide orthogonalité, les façades propres et leurs aplats vivement colorés nous donnent l'impression d'un univers virtuel. Ce dernier se situerait entre La cité idéale, les photographies de maquettes d'un Thomas Demand, et une esthétique de jeux vidéo qui feraient du regardeur un touriste comme, par exemple, chez Alain Bublex.
Un avant-goût de Trompe -l'oeil
Tout est parfaitement figé. L'absence de détail révélant une quelconque vie de cité (ni bancs ni poubelles, un semblant d'agora vide) interloque. S'agissant bel et bien d'une captation de la réalité, l'étrangeté — que l'on retrouvera souvent dans la série Trompe-l'oeil — du lieu se précise.
Ce lieu, sans défaut apparent, trop lisse, trop parfait, révèle un malaise (voire un soupçon d'angoisse, peutêtre
celle qu'aurait pu ressentir Jim Carrey en Truman Burbank).
En outre, on remarquera un premier trompe-l'oeil — au sens littéral. En effet : ce qui se révèle être une place de voiture dans la deuxième photographie, donne, au mieux, une impression abstraite qui se fond dans la géométrie de l'image…Au « pire » (mais « c'est bien » dixit Rémy Lidereau), on peut émettre l'hypothèse d'une piscine. En pleine rue. Du moins, le flottement des repères permet de le penser.
Rémy Lidereau travaille alors à la chambre, ce qui confère à l'image sa précision et accentue l'idée de propreté. De plus, il retouche numériquement la photographie (ce qui lui permet d'unifier le ciel).
Une réalité dont on doute
La photographie peut montrer le faux de manière telle qu'il nous semble presque vrai, ou le contraire, avec Rémy Lidereau. Dans les deux cas, un glissement s'opère entre réel et factice, la frontière étant poreuse.
Aussi peut-on dire que la démarche de Rémy Lidereau correspond à l'envers de celle de Thomas Demand en ce que l'univers de La Calade peut ressembler à un décor, alors qu'il s'agit d'un espace bien réel, non recréé. Si l'impression de leurre passe donc par la réalité chez Rémy Lidereau — laquelle nous trompe d'ores et déjà dans cette série —, elle est avant tout permise par l'outil photographique chez les deux artistes.
Pourtant, si l'on s'interroge sur l'authenticité du référent, elle est assumée sans ambiguïté dans le titre.
Effectivement, Rémy Lidereau confirme avec cette série une approche de type documentaire, en l'occurrence dans la manière dont il établit les titres de ses photographies : nom du lieu, date. Il ancre l'image dans la réalité.Galerie Paul Frèches 12, rue André Barsacq 75018 Paris France