Expositions du 25/05/2007 au 15/09/2007 Terminé
Centre culturel tchèque 18 rue Bonaparte 75006 Paris France
Pour Pavel Brunclik, un corps nu représente également un défi. Il avait même l'intention de consacrer son film de fin d'études, à l'école du cinéma de Prague la FAMU au ballet, et cela non à cause de la danse, mais à cause de l'esthétique du corps en mouvement. Comme Drtikol, dont la fascination pour le mouvement de la danse était due à son mariage avec la danseuse Ervina Kupferova, qui lui servait souvent de modèle, Brunclik est fasciné par le corps. La vision de Brunclik se réalisa seulement de longues années après. Son travail dans le domaine de la publicité l'en avait jusque là empêché. Ce n'est qu'en 2005 que Brunclik commença à travailler systématiquement avec les danseurs étoile du Théâtre national. C'était une idée riche. Qui d'autre, si ce n'est un danseur professionnel, sait prendre une pose ? Qui d'autre qu'un danseur professionnel connaît les possibilités impressionnantes du mouvement ? Qui d'autre a un corps dont tous les muscles sont travaillés grâce à un travail incessant ? Pour Brunclik, il s'agit d'un travail d'équipe : le photographe présente son idée et les danseurs cherchent ensuite comment réaliser celle-ci ou bien les danseurs présentent eux-mêmes leurs concepts et le photographe les jauge et fait son choix. Chaque position naît du travail de nombreuses variantes et permutations. Comme « une pierre jetée dans l'eau autour de laquelle se forment des cercles … » . A la différence de Drtikol, Brunclik fait des nus de groupe, où même les hommes ont leur place, et les accessoires sont peu nombreux. Brunclik n'hésite pas à utiliser des effets spéciaux y compris des techniques photographiques particulières. Une mise en scène exigeante allant jusqu'à six modèles demande une aide de quatre assistants, un arrière fond rigoureusement blanc ou sombre, et un travail à partir de la lumière que Brunclik considère comme essentiel et porteur de sens. En tant que mathématicien, il est minutieux et surveille chaque moindre détail. Ses devises sont : la précision, l'austérité, la simplicité. La pureté des lignes, voire un minimalisme des formes, est l'une de ses fins. Et cela qu'il s'agisse des paysages que Brunclik photographiait les dernières dix années ou bien des nus. Retours à l'essentiel voilà le nom d'un des cycles de photographies de paysages, pour indiquer qu'il s'agissait des formes et structures élémentaires, de l'essence même de la planète Terre. Le même nom peut être donné sans hésiter à son dernier cycle de nus. Même là, il s'agit de l'essentiel. Cette fois-ci, de l'essentiel de l'homme.
En fait - le nu. Le terme traditionnel pour la photographie contemporaine d'un corps nu est utilisé par habitude. Dans la photographie de la nudité, il ne s'agit plus des lignes harmonieuses et de leur modelage par la lumière, ni de l'objet et de sa transformation plastique mais des messages de pensée conçus de façon exigeante. Tandis que Drtikol au début du siècle dernier apporte le concept de la femme fatale, en même temps sainte et pécheresse, remplissant ses rêves romantiques et érotiques, son brillant successeur Helmut Newton à la fin du même siècle proclame ouvertement un concept raffiné du péché et ses images provoquent par une froide séduction, une pose excitante, une mine agressive. Quant à la plus jeune génération, la photographe à succès Joyce Tenneson avoue aimer la nudité pour sa sensibilité, sa fragilité, symbole de vulnérabilité par rapport au milieu apocalyptique de notre monde. Dans tous les cas, il s'agit des réflexions du monde intérieur des auteurs et de l'atmosphère sociale de l'époque, celle du début du troisième millénaire dans le cas des « nus » de Pavel Brunclik. Ces nus reflètent une réalité envahie de désirs inassouvis, de l'agression et de la nostalgie romantique, et aussi des obsessions et des interdits sexuels. Ils sont à la recherche de l'identité de l'homme. A la différence de son cycle de nus précédent des années 1986 - 1995 parus sous la forme du livre Femmes étrangères, ce nouvel ensemble de photographies aborde de nombreux nouveaux aspects. D'abord, il est rigoureusement en noir en blanc ce qui souligne son abstraction et détermine d'autres attributs : un arrière plan vide de tout accessoire, une austère précision de formes, de positions, une expression vivante. Puis, ce nouveau cycle est fastueux et monumental - c'est une apothéose, un moment d'éternité. Et c´est justement dans cette démarche que Brunclík s'approche le plus de Newton, comme dans ses cycles de paysages « Retours à l'essentiel » ou bien « La Terre ». Quand Pavel Brunclík unira la monumentalité minimaliste de ses paysages en couleur à la monumentalité minimaliste de ses nus en noir et blanc, naîtra alors une oeuvre que l´on pourra appeler clairement « Genesis ». Création, origines, substance, essence de la vie et du monde. Un des premiers artistes modernes, le sculpteur Auguste Rodin, avait déjà compris que « si l´on observait la nature, on obtenait tout et qu'une femme, une montagne ou un cheval étaient formés d´après les mêmes principes . »
© Pavel Brunclik
Centre culturel tchèque 18 rue Bonaparte 75006 Paris France