Expositions du 09/03/2007 au 21/04/2007 Terminé
Chambre avec vues 3 rue Jules Vallès 75011 Paris France
Chambre avec Vues rend honneur à un grand maître de la photographie,
Jean-Pierre Sudre, dont les oeuvres n'ont pas été montrées à Paris depuis 1994, en présentant du 9 mars au 21 avril 2007 des tirages originaux réalisés par l'auteur et son épouse Claudine qui sera présente au
vernissage.
Ces vintages exceptionnels, dont un portfolio de nus totalement inédits, seront proposés à la vente et devraient séduire les collectionneurs qui découvriront ou redécouvriront une oeuvre majeure de la photographie
française.
"Le tort des Sudre est d'avoir été en avance, d'avoir vu juste trop tôt. À l'époque où le reportage humaniste "à la française" triomphait et régnait en maître absolu dans la
photographie hexagonale, Jean-Pierre et Claudine cherchaient – et trouvaient seuls, hors des sentiers battus – une manière différente de vivre la photographie, et aussi des supports, des émulsions, des matières inusitées, des sels rares, pour donner forme à leurs visions. Dans un temps où tout le monde ambitionnait d'être publié, eux donnaient vie à des images à peine reproductibles, destinées aux cimaises de galeries et de musées qui, alors, ne reconnaissaient pas la photographie!
Au moment où dominait sans partage la religion de l'instant, eux élaboraient une oeuvre toute de méditation, de silence et d'intemporalité. Ici pas de bruit ni de fureur, mais les
choses simples, essentielles, qui nous relient à la nature et à l'univers: une feuille, un insecte, quelques fruits, des oeufs, du vin. Et puis, plus avant, l'audacieuse tentative
d'évoquer la matière, la planète, l'espace, le cosmos… quelle idée pour des photographes des années cinquante et soixante !
Et quelle magnifique cohérence dans la démarche que de figurer paysages, montagnes et astres en se servant de cristaux consubstantiels à ces terres, à ce monde minéral. Un acte fondateur comparable à celui du sculpteur qui s'empare de la glaise pour donner vie à la figure humaine. Le mot est lâché, sculpture est sans doute le terme qui
convient le mieux aux oeuvres des Sudre. Non seulement pour évoquer le travail sur la lumière à la prise de vue et encore au tirage lors du modelage du cône de lumière sorti
de l'agrandisseur, mais surtout pour rendre compte de l'artisanal labeur des virages, mordançages et grignotages sans équivalent dans la photographie contemporaine, si ce
n'est chez les amis Brihat et Cordier, un temps réunis dans quelque haute demeure du Luberon.
Que ces photographies nous sont précieuses aujourd'hui en ces jours d'images d'origine incertaine. Quelle pureté et quelle vérité dans ces natures mortes, fruits non pas de
calculs mathématiques, mais véritables traces, authentiques empreintes de l'objet sur la surface sensible! Si vous ne sentez pas l'odeur blette des poires en train de pourrir,
c'est que vous devez être enrhumé ! Vérités photographiques d'autres temps sans doute, mais pour cette raison précisément, irremplaçables témoignages d'un moment d'histoire de la photographie !
Un mot sur les nus apparemment hors contexte et pourtant si évidemment complémentaires de l'univers végétal et minéral célébré dans les autres séries. Ces corps sur la terre de Provence, comment ne pas penser aux figures cézanniennes qui, à un moment ou à un autre, fugitivement ou durablement, occupent l'imaginaire de tous
ceux qui vivent dans ces paysages.
Si on utilise ici le pluriel pour désigner l'auteur d'une oeuvre, c'est que Claudine est depuis toujours associée à la conception comme à la réalisation de toutes les photographies de Jean-Pierre. À eux deux ils forment une figure unique, irremplaçable et exemplaire de la photographie française".
Guy ManderyChambre avec vues 3 rue Jules Vallès 75011 Paris France