Expositions du 15/05/2007 au 15/06/2007 Terminé
Usine Spring Court 5, passage Piver - 75011 Paris Métro : Goncourt ou Belleville
Céline Anaya Gautier et Esteban Colomar ont pu s'introduire, non sans risques, dans des camps de travail, les “bateys”, grâce à deux prêtres, Christopher Hartley et Pedro Ruquoy, présents sur le terrain pour aider, défendre ces hommes, femmes et enfants réduits en esclavage. Ce qu'ils proposent comme photos et archives sonores est sans détour. Un témoignage cru, mais plein d'humanité, sur ce qui a été longtemps du domaine de l'inconcevable et du fantasme. C'est lors d'un premier reportage photo au batey Mamey pour une association humanitaire, de décembre 2004 à janvier 2005, que Céline Anaya Gautier rencontre le père Christopher Hartley. Grâce à lui, elle entrevoit les conditions de vie des braceros*. Elle programme alors un deuxième voyage, cette fois accompagnée d'un ingénieur
du son. L'idée : révéler une réalité par l'image et impliquer les populations des bateys par leurs chants.
Céline Anaya Gautier et Esteban Colomar séjournent ainsi dans les bateys de la région frontalière dominico-haïtienne et dans la région de San Pedro de Macoris, de mars à mai 2005. Ils partagent la vie des coupeurs de cannes haïtiens et des habitants des bateys. Ne devant pas être repérés pour leur propre sécurité, ils accompagnent comme “missionnaires”, les deux pères catholiques, Hartley et Ruquoy. Leur reportage est un cri d'alerte. On y voit l'existence d'hommes, de femmes, d'enfants, résignés, térrifiés, réduits à l'état d'animaux de somme, considérés et destinés à finir leur vie comme tels, sans aucun recours depuis plusieurs générations et peut être encore pour longtemps. Quelques semaines après ce reportage, le père Pedro Ruquoy est renvoyé en Belgique, après avoir partagé 30 ans de sa vie avec les coupeurs de canne. Il lui est reproché de trop médiatiser la situation des bateys. Certains industriels du sucre l'ont condamné à mort...
Cette exposition inédite se compose de 80 clichés dont certains ont déjà été publiés dans Match du Monde, Courrier International... Les ambiances sonores complètent ce travail : coupe de la canne, canne qui brûle, symboles de l'exploitation. Par ces voix, diffusées durant l'exposition, les populations des bateys acquièrent une réelle présence dans l'évènement.
Chaque année, des milliers d'haïtiens fuient en République Dominicaine dans l'espoir d'une vie meilleure. Ils tentent d'échapper à la misère qu'ils connaissent dans leur pays. La grande majorité d'entre eux n'ont pas de papiers et ne peuvent pas entrer légalement en République Dominicaine.
Des réseaux très organisés de passeurs et de buscones (trafiquants haïtiens et dominicains) leur font miroiter des emplois illusoires et leur demandent des sommes exorbitantes pour leur faire passer la frontière. Les buscones soudoient les fonctionnaires afin que les travailleurs migrants sans papiers puissent passer les postes de contrôle militaires mis en place pour les intercepter. Après avoir traversé la frontière, un grand nombre de ces travailleurs sont emmenés dans des bateys (baraques pour les ouvriers des plantations sucrières). Ils font ainsi partie des 30 000 ouvriers employés chaque année en tant que saisonniers dans l'industrie de la canne à sucre. Ceux qui ne réussissent pas à trouver un emploi dans le secteur agricole tentent leur chance ailleurs, par exemple dans le bâtiment.
Malgré leur emploi, de nombreux immigrés haïtiens sont expulsés en raison d'une mauvaise application de la législation sur l'immigration. Des haïtiens sont régulièrement arrêtés par la police, par les services de l'immigration ou par l'armée et renvoyés massivement en Haïti sans que soient examinés leurs papiers ou leur situation au regard de cette législation.
La discrimination fondée sur la nationalité ou la race aggrave encore ce phénomène. Les autorités recourent en effet au profilage racial pour arrêter les immigrés sans papiers. Les jeunes hommes noirs sont les principales victimes de ces méthodes expéditives. Même lorsqu'ils possèdent un visa en cours de validité, une carte de résident permanent ou la nationalité dominicaine, ils sont renvoyés de force en Haïti car les autorités considèrent automatiquement que leurs papiers sont faux.
« Quand vous êtes noir, que vous ayez ou non une carte d'identité ou un certificat de naissance, ça ne change rien. Ça n'a aucune valeur, explique Téolé, un Dominicain d'origine haïtienne qui travaille pour la défense des droits des immigrés haïtiens. Dans la rue, face aux agents de l'immigration, vous n'avez plus aucun droit. » Téolé a lui-même déjà été renvoyé en Haïti, malgré sa nationalité domniquaine.
Les personnes qui sont expulsées ne sont pas autorisées à contacter leur famille pour les avertir de leur situation, ni même à récupérer leurs biens ou le salaire qui leur est dû. Parfois, leurs affaires et leurs papiers sont confisqués par les services de l'immigration.
Francisca José, une petite fille de huit ans, a été arrêtée dans la rue à Santo Domingo avec cinq autres enfants, le 4 janvier 2006. Un agent de l'immigration l'a frappée au visage et elle a été envoyée dans un centre de détention pour immigrés sans que ses parents en soient avertis. Francisca a été remise en liberté le lendemain, les services de l'immigration ayant reçu la preuve de sa nationalité dominicaine.
Les haïtiens sont souvent accusés à tort d'être responsables de la hausse de la criminalité et du chômage en République Dominicaine. Ils sont fréquemment victimes d'actes xénophobes parfois extrêmement violents. Ainsi, le 7 mars 2006, dans la localité de Yabonico (province de San Juan), deux haïtiens, Edison Odio et Jako Medina, ont été très grièvement brûlés par une foule qui voulait venger le meurtre d'un maire dominicain. Craignant pour leur vie, des centaines d'haïtiens ont alors fui la région.
On estime à environ 500 000 le nombre de femmes, hommes et enfants prisonniers des bateys. Les traversées des braceros haïtiens résultent d'un processus clandestin, perpétré avec la complicité des offices de migrations, des autorités dominicaines et haïtiennes, ainsi que de trois familles intraitables de propriétaires : les Vicini, les Campollo et les Fanjul. Nombre de ces migrants restent pris dans ce système et passeront le reste de leur vie dans des bateys* insalubres.
Les braceros** travaillent quinze heures par jour, sans garantie de salaire ; les plus expérimentés parviennent à couper une tonne et demie de canne, payée à peine 1 euro en ticket de rationnement. Les femmes, elles, tentent d'assurer la survie du batey, tandis que les enfants d'haïtiens nés en République Dominicaine ne sont reconnus par aucun des deux gouvernements. On estime à 250 000 les enfants apatrides en République Dominicaine.
Céline Anaya Gautier et Esteban Colomar ont pu s'introduire dans ces plantations grâce à deux prêtres, Christopher Hartley et Pedro Ruquoy, qui ont travaillé quotidiennement sur le terrain pour accompagner et défendre ces hommes réduits en esclavage.
COLLOQUE INTERNATIONAL
Le 16 mai 2007 un colloque international intitulé « Sang, sucre et sueur » coordonné par le Collectif 2004 Images réunira des spécialistes français, haïtiens, dominicains, espagnol et Belge autour des thèmes de :
- La relation ancestrale entre l'exploitation de la canne à sucre et le recours à une main d'oeuvre asservie.
- L'historique de l'interdépendance et de l'antagonisme des peuples haïtiens et dominicains.
- Les responsabilités et les devoirs de la communauté internationale.
- Action et recommandations des acteurs de terrain pour une amélioration des conditions de vie et du statut des braceros haïtiens.
Ce colloque, en écho au travail de Céline Anaya Gautier permettra de mettre des mots sur des images.
Les intervenants :
- Michel Christolhomme, Directeur de la photographie de l'association Pour Que l'Esprit Vive ;
- Joël Thoraval, Président de la Commission Consultative des Droits de l'Homme ;
- Geneviève Sevrin, Présidente d'Amnesty International France ;
- Marcel Dorigny, Historien ;
- Jean-Marie Théodat, Géographe ;
- Natacha Giafferi, Anthropologue ;
- Camille Chalmers, Économiste ;
- Olivier Geneviève, Président de Sucre Ethique ;
- Guy Alexandre, Sociologue, ancien Ambassadeur d'Haïti en République Dominicaine ;
- Soraya Aracena, Anthropologue ;
Date : 16 mai 2007 - de 9H00 à 18H00
PROJECTIONS DE FILMS
Trois documentaires inédits permettront d'aborder les bateys et la situation des braceros haïtiens, travailleurs de la canne à sucre, en République Dominicaine. Trois approches pour cerner un sujet dont la complexité n'a sans doute d'égal que son ampleur. Aujourd'hui plus de 500 000 individus, hommes, femmes et enfants sont les victimes muettes d'une des grandes aberrations de notre histoire moderne. Trois documentaires, donc, pour interpeller, questionner et nous confronter à nos paradoxes et à nos responsabilités de citoyens... du monde. Chacune de ces projections sera suivie d'une rencontre avec des acteurs de terrain.
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Du 15 mai au 15 juin 2007
Exposition photo, accompagnée par les chants des braceros et les ambiances sonores enregistrées par Esteban Colomar, dans les bateys., à l'Usine Spring Court - 5, passage Piver 75011 Paris - Métro Goncourt ou Belleville. Le 16 mai 2007 (uniquement sur réservation) Colloque à l'École Nationale Supérieure de Chimie de Paris (ENSCP) - Amphithéâtre Friedel - organisé par le Collectif 2004 images.
Les 17 et 18 mai 2007
Projections de films au cinéma MK2 Parnasse :
- « The price of sugar » (le prix du sucre)
- « The Sugar Babies » (les enfants du sucre)
- Troisième film en cours de programmation.
Usine Spring Court 5, passage Piver - 75011 Paris Métro : Goncourt ou Belleville