Vendredi 03 Août 2012 15:13:22 par actuphoto dans Expositions
Expositions du 08/03/2007 au 26/05/2007 Terminé
Nne réédition au Seuil du livre Figures Romanes, textes de Michel Pastoureau
Aussi délicatement travaillées que les parties extérieures, comme ces sculptures d'une cathédrale dissimulées au revers d'une balustrade à quatre-vingt pieds de hauteur, aussi parfaites que les bas-reliefs du grand porche, mais que personne n'avait jamais vues avant qu'au hasard d'un voyage, un artiste n'eût obtenu de monter se promener en plein ciel
A l'ombre des jeunes filles en fleurs, Marcel Proust
Voici déjà plusieurs décennies que l'on voit en Frank Horvat l'un de nos très grands photographes. En homme d'une culture profonde, il se montre spontané –et attentif- à l'œuvre de ses confrères (voir par exemple son livre d'entretiens Entrevues), en même temps que se poursuivent en lui une réflexion autour de toute recherche plastique, un dialogue avec l'œuvre des peintres et des sculpteurs.
Ainsi, en 1952, à l'âge de 24 ans, lorsqu'il part en Inde, il prend, pour son propre compte, sans souci de les faire connaître, quelques clichés de sculptures des monuments religieux. Plus tard, c'est donc comme naturellement, comme « sans y penser », qu'il renoue avec cet intérêt personnel en photographiant les statues de Degas, plus récemment celles de Robert Couturier, et, entre les deux, ces « figures romanes ».
En 1996, la ville d'Angoulême commande à Frank Horvat un travail pour illustrer son Festival de Piano. Une promenade conduit Horvat à l'église de Saint-Michel, située dans la banlieue de l'agglomération. Il en ramène quelques prises de vues : des sculptures haut perchées, attrapées au téléobjectif. L'évidente beauté suscite la surprise des festivaliers, qui redécouvrent, ce faisant, un patrimoine tout proche qu'ils avaient, pour la plupart, délaissé, voire oublié.
Puis Frank Horvat, accompagné de sa femme Véronique, étend la promenade à la France : de Saint-Benoît-sur-Loire près d'Orléans à Saint-Aventin dans les Pyrénées, de la Charente à la Bourgogne en passant par l'Auvergne. Sans prétendre pourtant à l'exhaustivité (malgré des milliers de clichés), et avec l'aide de travaux précédents (dont ceux de Jean Dieuzaide) qui le guident dans cette pérégrination.
Par son talent, par son désir de produire une image dont la plastique fasse sens, Frank Horvat, comme Brassaï en son temps, nous donne à voir avec ses photographies de sculptures romanes la beauté foisonnante d'un art toujours vigoureux et moins naïf qu'on pourrait le croire. Un art qui aborde une étonnante variété de sujets, de registres, et dans lequel une pluralité de styles semble s'être côtoyée sans exclusive. Un art, jadis souvent méprisé, étonnement moderne à nos yeux, et qui, à l'époque de sa réalisation, semble s'être ignoré – le mot de « sculpture » apparaît au 16ème siècle, on parle alors de « figure »; et leurs auteurs nous sont à peu près complètement inconnus.