Matthieu Raffard Nationale 7 Un voyage sans exotisme
Vendredi 03 Août 2012 15:13:22 par actuphoto dans Expositions
Expositions du 12/03/2007 au 28/04/2007 Terminé
Galerie NegPos 1, cours Némausus
30000 Nîmes France
Après plusieurs allez-retours, les années passèrent, les trajets s'accumulèrent, et toujours avec eux son lot de planches contacts. Une préférence pour le grand angle et des heures passées à ausculter les livres de Dorothea Lange, Raymond Depardon et Pierre Verger. De plus en plus attiré par les grands espaces et les existences infimes je cherchais à réaliser un voyage sans exotisme: un chemin, un itinéraire, une errance. Et ce fut la route qui l'emporta, une nationale, la numéro 7.
Nationale 7, une vieille star des années cinquante, des congés payés, et des grandes vacances. L'enfance de mes parents qui mettaient douze heures pour se rendre de Paris à Menton. Une route en train de disparaître sous le tracé de l'autoroute A6. C'était exactement ce qu'il me fallait: du souvenir, de l'amertume et une touche d'inutilité.
Je partais sans idées préconçues, si ce n'est celle de joindre Paris à Menton. Je voulais prendre le temps de sentir cette route, me lancer à sa suite, revivre l'épopée de Kerouac. Il s'agissait de récupérer en temps réel tout ce qui constituait mon voyage, de manière véritable ou symbolique, avec la brutalité un peu absurde de la réalité, lorsque l'on prend le temps de la regarder.
J'optai pour une méthode d'hyperproduction, ne m'interdisant aucune photo, avalant les kilomètres, et me reposant peu. Entre l'euphorie du chemin parcouru et l'étourdissement de la nouveauté; entre ma réalité et mes rêves d'Amérique, je traversais la France en roulant sur la route 66 de mon imagination. Il y avait des vieilles Cadillac, des pompe à essence Texaco, et des vieux juke-box qui crachaient du Charly Parker. Je n'attendais rien de plus, je déclenchais et je repartais.
Ce n'est que plus tard, une fois rentré, que j'ai vu ce que j'avais photographié: une réalité morcelée et éparpillée. Il a fallut recoller les pièces une à une, à grands coup de scotch, de cutter, et de patience, pour faire réapparaître la vision que j'avais le temps d'un instant, vu passer devant mes yeux.