Expositions du 24/01/2007 au 25/03/2007 Terminé
Espace Contretype 1, avenue de la Jonction 1060 Bruxelles Belgique
A priori, c'est simple comme en géographie: on balaie photographiquement le territoire du haut d'un avion ou d'un satellite sur la base d'un découpage cartographique minimal en s'assurant que le plan film soit toujours positionné parallèlement à la surface photographiée. Ici, l'étendue observée est plus immédiate. Ce sont des images de sols où j'ai marché. Les prises de vue sont méthodiques, mais en cours de route, j'ai tergiversé entre rigueur documentaire et intuition non raisonnable face à quelques sujets photogéniques. Ils étaient simplement là où je me suis trouvé à ce moment du parcours. Sans chercher. C'est ce qu'ont en commun ces images de boulangerie, de voiture, ou de souris piégée.
Des bribes de voyages et des objets reconstruits. Pas de lieux fameux ou monumentaux. Que du précaire, en somme.
Refaire surface c'est comme revoir la géographie primitive qui m'a fait dériver de la peinture vers la photographie architecturale durant quelques années. Refaire des tableaux. Quelques autres mappings inachevés conjuguant ordre et désordre, rassemblés par un intitulé qui implique un retour d'en dessous, tel un sous-marin émergeant après une approche au périscope. Mais ici on voit d'en haut. Ce n'est le regard de personne. Nous sommes observateurs sans y être encore. À quelques mètres de là, tout juste avant d'atterrir.
ALAIN PAIEMENT À PROPOS DE «REFAIRE SURFACE»
Depuis plus de vingt ans, mon travail a évolué de la peinture à la photographie et l'architecture, avec un intérêt continu pour le mapping.
À l'origine, l'application de couches fines sur des surfaces posées au sol suggère des similarités entre la surface de la peinture et celle de la terre, comme si elle était vue de
haut, à très haute altitude. Ce parallèle s'est complexifié, et a motivé des recherches en géographie. Le procédé photo-cartographique fut ensuite transposé en volume, sur la base d'un balayage sphérique situé à l'intérieur d'espaces spécifiques. La photographie est alors conçue comme un phénomène spatial, en instaurant des dialogues entre les formes architecturales et leur traduction en constructions photographiques. C'est ainsi qu'un amphithéâtre semi-circulaire classique a été cartographié sur une sphère; que le chantier de construction d'un musée a été cartographié à l'intérieur d'un cube; et que des façades d'édifices modernes ont été cartographiées sous formes de tableaux, d'écrans et de pans de mur.
Ultérieurement, mon travail est redevenu pictural. Le plan photographique et la surface du monde sont corrélatifs à nouveau, à l'instar de la peinture géographique qui m'a conduit à la photographie. Certaines oeuvres sont composées de centaines de photographies juxtaposées et imbriquées, alors que d'autres sont le résultat d'une seule prise de vue, accentuant la monoscopie du photographe. Dans Douche (self) (2001), par exemple, le regardeur est situé au-dessus d'une personne nue dans une douche. Nous sommes presque voyeurs, ce qui est à l'opposé de la vision produite par un montage de nombreux clichés, comme c'est le cas dans la plupart des pièces de l'exposition. Distorsions, jonctions improbables, changements d'échelle et d'angles de vue, ruptures diverses entre les fragments: tous ces effets montrent l'artificialité du procédé, nous situant à la fois à distance et à proximité de la réalité cartographiée.Espace Contretype 1, avenue de la Jonction 1060 Bruxelles Belgique