Vendredi 03 Août 2012 15:13:22 par actuphoto dans Expositions

Quoi de plus naturel que de réunir des amis qui ne se connaissent pas encore, en espérant que cette rencontre soit l'occasion d'un dialogue passionnant. Durant sa Résidence d'artiste à Bruxelles, JH Engström vit pour la première fois les images de Dirk Braeckman et de Daniel Brunemer; ces derniers découvrirent quelques mois plus tard de livre de JH Engström, «Trying to Dance». Remarquant la curiosité et l'intérêt mutuels qu'ils manifestaient pour leurs travaux,je décidai de les convier à se rencontrer pour un projet commun; projet consistant à jouer ensemble sur un thème, un peu comme le feraient des musiciens de jazz à l'occasion d'une jam-session. Bien qu'ils aient chacun dans leurs images une «signature» très forte, un style, une lumière qui leur sont très spécifiques, en regardant leurs images et en les écoutant parler de la photographie et de leur expérience de la vie, il y avait suffisamment d'éléments propices à tenter l'expérience de les exposer de concert. Les thèmes qu'ils abordent relèvent d'un certain classicisme. Portraits, paysages, nature morte, leur façon de faire à la prise de vue pourrait s'apparenter au reportage. Ce qui les relie, c'est le fait qu'ils sont animés d'un sentiment d'urgence, d'une sorte de frénésie à faire des images et à rencontrer les gens, à traduire leurs émotions et leur météorologie intime. Tous les trois photographient comme ils vivent et inversement; ils sont «à fond» dans leurs images, jusque sur le fil du rasoir et au risque de tous les dangers avec la photographie comme unique rempart. S'ils théâtralisent le réel, alors nous sommes plus près du théâtre de la cruauté d'Antonin Artaud que de celui, formaté et lisse, des médias. Leurs images ont le pouvoir de nous déranger, elles mettent à nu la condition humaine en immortalisant notre mortalité; elles traduisent aussi la recherche éperdue de soi dans l'autre, elles touchent au feu de la passion qui réduit tout en cendres. Si, bousculés dans notre certitude tranquille, nous n'en retenons qu'une vision pessimiste, une attitude nihiliste, c'est que nous nous protégeons de ce qu'est aussi le genre humain. Jean-Louis Godefroid, Commissaire de l'exposition