Jean-Louis Hess est un photographe qu'on ne présente plus, une figure légendaire du paysage strasbourgeois. Un personnage entier qui, au travers de son regard, a su capter les évolutions sociétales, en est devenu un témoin.
Ses préoccupations sont d'abord sociales, il aime les situations drôles et surprenantes, il joue avec la lumière. Ses noirs et blancs, de facture classique, se font également plus expérimentaux quand il s'agit de distordre le réel ou d'explorer les corps.
La démarche de l'artiste n'est pas documentaire, le témoignage est indirect, son regard est d'abord personnel et sensible. Il raconte des histoires qui le touchent. Son prisme est toujours subjectif. S'il en a exploré toutes les facettes techniques depuis 40 ans, la photographie de Jean Louis Hess est irrévérencieuse. Ni Dieu, ni Maître. Elle reste libre.
On trouve cependant des accointances avec les grands classiques. Une photographie qui renvoie à celle de Robert Doisneau dans son appréhension du quotidien, dans sa façon d’imprimer l’histoire collective à travers des moments de vie anodins, de constituer une mosaïque pour dresser un tableau social. C’est aussi ce qui rattache la photographie de Jean-Louis Hess à celle de Raymond Depardon. Ils partagent ce point de vue particulier dans lequel la subjectivité du photographe est revendiquée. Leur regard est à mi-chemin entre une approche journalistique et autobiographique pour traduire une vision du monde qui va bien au-delà du témoignage et s’inscrit dans un discours artistique.
Dans le rétro, c’est un regard en arrière, une plongée dans les années 1970 - 1980. Une photographie en noir et blanc, toute une époque sur pellicule. Sans nostalgie ni complaisance, l’histoire se raconte à travers le regard d’un homme de convictions, d’un homme engagé. C’est surtout une histoire dans l’histoire. Une histoire du temps qui passe, un voyage dans les souvenirs, un moment de vie offert. On accompagne Jean-Louis Hess dans son intimité mais aussi dans ce qui se joue dans le monde qui l’entoure.
Ces allers-retours permanents entre l’individu et le collectif donnent à voir le point de vue particulier du photographe. Dans une synecdoque photographique, Jean-Louis Hess raconte la liberté et le foisonnement de l’époque, l’empreinte des luttes sociales. Les slogans politiques fleurissent les murs. La libération sexuelle bat son plein. Les utopies sont vivaces. La modernité s'impose. Un regard kaléidoscopique du monde.
En écho, on le suit dans son intimité. Il se prend au jeu, se prête à l’auto-dérision, passe aussi de l'autre côté de l'appareil. Il s'amuse. Il photographie comme on écrit un carnet de notes, d'impressions, il donne son angle, son point de vue. Les constructions sont classiques, des diagonales rythment les cadres, la lumière structure le champ, il y a peu de mises en scène, les instants sont suspendus au temps, comme extraits au monde, pour y suggérer une douce langueur. Jean Louis Hess a gardé ce regard empreint de l'enfance, d'espièglerie, c’est un perpétuel pied de nez.
Dans le rétro, une compilation d'images emblématiques de leur auteur. Une histoire dans l’histoire. La vie n'est qu'un jeu.
Bénédicte Bach & Benjamin Kiffel
L'exposition est visible du 15 février au 16 mars 2019 du mercredi au samedi de 16h à 19h.
Galerie La pierre large 25 rue des Veaux à Strasbourg
Vernissage le vendredi 15 février 2019 à partir de 18h en présence de l’artiste.