Cidàlia Alves est une photographe plasticienne qui capture dans ses photos un monde fragmenté. Les détails envahissent ses images et inversent les hiérarchies. L’infiniment petit devient prépondérant. Les objets perdent leurs contours jusqu’à ce qu’ils se fondent dans la photo et disparaissent complètement. Les textures alors mises en lumière affleurent à la surface comme des roches sédimentaires. Les matières représentent l’épiderme des villes qui s’écaille, les débris d’un monde révolu, l’épuisement et l’usure. C’est le temps qui passe et se répète à l’infini. Ce ne sont plus alors des photos mais des tableaux abstraits dans lesquels les influences de Rothko sont évidentes.
En marouflant l’image sur la toile, Cidàlia transforme à nouveau la matière en la superposant sur une autre. Les plis, les déchirures, les « accidents » sont autant de nouvelles cicatrices qui s’ajoutent à l’histoire. La photo s’écorche pour correspondre à l’objet qu’elle représente.
Les couleurs sont sépia comme la nostalgie des souvenirs d’enfance que l’on peine à faire resurgir, et dans lesquels des touches de marrons et de rouges profonds viennent ennoblir une palette de tons plus sombres.