16 rue Sainte Anastase 75003 PARIS
Les mots du galeriste
Masculin ou féminin les corps se dévoilent en toute discrétion mais pas seulement. Trois ans pour imaginer cette première édition sur le nu que j'ai voulu doux sur certains aspects, sensuel sur d'autres mais également sombre et noir. Ingres peignait des scènes en rapport au désir au sexuel et au corps à sa manière. Il mettait en scène sa vision de la Nudité dévoilée. Tout comme Sade l'écrivait avec ses mots, que l'on aime ou pas on ne reste jamais vraiment insensible devant un corps qui se dénude. Les six photographes avec qui j'ai décidé de faire cette exposition, vont, à leur manière, tenter de répondre à ce désir et à cette curiosité.
C'est ainsi que CarCam nous présente sa série Nudi Phantasmata. Ici les fantômes sont bien réels laissant une trace parfois fugace de leur passage devant l'objectif de l'artiste. Ils apparaissent avec toute la légèreté que leurs conditions leur concèdent. On aimerait parler avec eux, et les arrêter juste pour en voir un peu plus.
Le photographe Loïc Guston prend le sujet de front en exposant sa série "Double room ". Ici l'artiste nous fait entrer dans l'intimité de chambres d'hôtels ou d'appartements. Notre regard prend plaisir à être de l'autre coté de la lorgnette. Cette indiscrétion dans l'intime nous rappelle notre nature humaine.
La sensualité c'est ce que photographie Béatrice Landré. Une vision classique communiquée par des corps masculins. Sa série "Sensualité Masculine"nous présente un homme fragmenté que nous pouvons à notre guise recomposer. Sa vision est une ode à la beauté corporelle, une invitation à la découverte charnelle.
Tout comme Gilles Lange dont la série Corps accord... vous emmène à contempler ces femmes, à ne toucher que du regard. Une douceur assumée presque classique, où les corps se dévoilent pudiquement, quand une nuque se révèle par une chevelure relevée qui nous laisse un frisson d'émotion sur la peau.
Carol Letanneur a choisi de jouer avec les courbes et les rondeurs du corps entre abstraction et réalisme. On ne sait, par moment, si ce que nous regardons est bien un corps ou un paysage enneigé. Sa série "No Name" vous invite à la contemplation voire à la méditation Il y a de ces territoires dont l'appréhension est instinctivement liée à la sensation.
Symphony une série de Cdric-Moasa est un travail sur l’ambivalence d’un corps, presque androgyne. Tout est là devant nous et la question que nous nous posons est, l'homme est il une femme comme les autres ? Quelle que soit la réponse, il ressort du travail de cet artiste un choix ambigu et persistant qui ne laisse pas indifférent.
Une exposition aux multiples regards, celui de femmes photographiant des femmes mais aussi de femmes photographiant des hommes. Tout comme des hommes photographiant des femmes mais aussi des hommes. A nous femmes et hommes de regarder cette nudité dévoilée qui nous est offerte en toute intimité.
François Rastoll avril 2018