in)(between record vol. 35 Les tirages argentiques réalisés à la main présentés dans le record vol. 35 sont extraits du livre de M. Murakami intitulé Kumogakure-Onsen. L’auteur a finalisé cette série en 2003 avant de publier le livre 12 ans plus tard, en 2015. La même année, cet ouvrage a été sélectionné comme l’un des meilleurs recueils de photographies dans le cadre de l’International Kassel Fotobook Festival, organisé en Allemagne.
La série Kumogakure-Onsen dépeint quelques-unes des 3 000 sources naturelles d’eau chaude d’origine volcanique dont on rapporte l’existence au Japon. Même si certains de ces lieux surprenants, dissimulés derrière un rideau de brume, n’existent plus, ces photographies n’en continuent pas moins de refléter la signification du terme Haiboku-kan 敗北感 pour un Japonais, « sentiment de défaite » et « aller au nord ». M. Murakami explique que sa série Kumogakure lui a permis de se découvrir lui-même.
Avant son trentième anniversaire, M. Murakami a consacré deux années à voyager sans réflexion préalable dans les régions au nord du Japon, Hokkaido et Tohoku, flânant dans des endroits enveloppés de brouillard (Kumogakure 雲隠れ) et découvrant sans cesse de nouvelles sources d’eau chaude bien dissimulées (Onsen温泉). Mais que signifient Kumogakure, ONSEN, Haiboku-kan 敗北感, « aller au nord » et le nord du Japon pour les Japonais ?
Kumogakure – ce mot n’a pas d’équivalent direct en anglais, en français et dans les autres langues occidentales. Il signifie être caché par les nuages, plongé dans le brouillard, enveloppé, drapé, noyé dans la brume, être invisible, se dissimuler derrière quelque chose ou une situation…
Onsen – le mot Onsen désigne une source d’eau chaude d’origine volcanique, mais aussi l’établissement où l’on se baigne dans ces eaux chaudes. C’est également un endroit où l’on « nettoie » ses pensées et ses sentiments…
Haiboku-kan 敗北感 et aller au nord – pour les Japonais, le nord北est la direction à prendre par toute personne qui ne trouve pas de sens à son existence, ou qui se trouve submergée par un sentiment de défaite. En effet, lorsque l’on écrit en hiragana (anciens caractères chinois), le caractère correspondant à NORD est inclus dans le mot Haiboku-kan 敗北感 (nord : 北). Par conséquent, pour les Japonais, lorsque le « sentiment de défaite » prend le dessus, lorsque l’on perd son âme ou que l’on ne trouve plus de sens à la vie, lorsque l’on se sent en situation d’échec, ou même lorsque l’on fuit les autorités, le nord est l’endroit où se cacher, où prendre ses distances dans des conditions plutôt rudes.
Ceci nous amène à Hokkaido, la grande île japonaise la plus septentrionale, un territoire oublié au climat froid et rigoureux, et à Tohoku, une région qui, située à l’extrémité nord de Honshu, l’île principale du Japon, est également soumise à d’âpres conditions climatiques.
Masakazu Murakami explique : « En voyageant dans ces endroits cachés derrière le brouillard, je me mis à rêver d’un moi transcendantal, dépassant ma propre identité. Submergé par les souvenirs d’expériences que je n’avais jamais vécues et en proie à toutes sortes d’émotions, je ressentis l’envie irrépressible d’un moi issu de temps immémoriaux, d’une entité n’ayant ni sexe ni âge, élevée et ayant grandi au milieu de ces villages de montagne et de ces villes de bord de mer. »
Fasciné par les nuages de vapeur naturelle qui s’élèvent de ces Onsen apaisants, il prend des photos au hasard d’un parcours sans but préétabli, et constitue ainsi une documentation remarquable sur une précieuse petite fraction des 3 000 sources naturelles d’eau chaude d’origine volcanique qui existeraient dans l’archipel, et sur les nuages de vapeur issus de cette même activité volcanique, à l’origine de la création du Japon.
À travers cette sélection de photographies, les visiteurs découvrent ce que signifient « aller au nord » et Kumogakure, et explorent des endroits distants aux vertus curatives, dont certains n’existent plus aujourd’hui.
Signature de livres - rencontre avec l'artiste le samedi 12 mai de 18h à 21h