EXPOSITION 24.02 - 18.03.2018
VERNISSAGE Vendredi 23 Février, 18h - 21h
GALERIE MARTINE EHMER
200 Rue haute 1000, Bruxelles
+32 473 590 285 l martine.ehmer@gmail.com
www.martineehmer.com
Ouvert du jeudi au dimanche, de 14h à 18h. Ou sur rendez-vous.
Les épreuves radicales de Pierre Radisic
Pierre Radisic fonctionne sur les limites d’un sujet unique - la marine - et de ses maigres composantes: sable, clôtures en bois, canalisations peintes, blocs de béton, la mer bleue au loin et ces cieux bleus, épais et impénétrables. « De moyens limités, » écrivit Georges Braque, « émergent des formes nouvelles. » Radisic résume cette phrase dans son viseur. D’où il se tient, cela devient «l’endroit décisif» de son art.
Logés à l’intérieur d’un simple carré, les débordements et frissons de la géométrie se retrouvent dans chaque image. Nos yeux sont pris dans une montagne russe visuelle faite de hauts et de bas, de tenants et d’aboutissants, de sauts et de virages, tous contenus dans les panneaux clignotants d’un flipper.
Et c’est dans ce royaume entre rêve et réalité que Pierre Radisic -un vrai maître du carré en art- concocte l’impossible. Ses alignements précis d’objets dans l’espace - quand on les voit au travers d’un appareil photo et imprimés en tant que photographies bidimensionnelles - peuvent revêtir l’immédiateté d’un bref miracle quand le chevauchement se produit dans la photographie de la manière dont il le fait en réalité. Ou est-ce bien là ce qui se passe ? Si nous inclinons nos têtes vers le haut ou vers le bas, nous annihilons immédiatement cette dose de magie visuelle.
Nous voulons que la réalité de Radisic soit vraie, détectable, qu’elle existe dans un véritable espace temps, qu’elle se trouve au détour d’un chemin ou qu’on puisse la zoomer sur Google map. Voir l’invisible ne veut pas dire que l’invisible n’existe pas. Nous voulons que Pinocchio soit un vrai petit garçon, que le voeu de Geppetto devienne réalité. C’est de par là même que notre foi en l’existence de ces lignes, tangentes et contingences invisibles que Radisic révèle à nos yeux nous coupent littéralement le souffle. Vous ne pourriez pas éteindre une bougie avec le souffle qui vous restait s’il n’y en avait pas eu au départ. Mais cette ambiguïté - l’élément perturbateur - peut justement se trouver au coeur de l’oeil malicieux de Radisic et de ses jeux d’esprit.
Extraits de «L’Endroit décisif», par Arno Rafael Minkkinen / © ARNO RAFAEL MINKKINEN, FOSTERS POUND, 2015