
L’image-souvenir est un devenir …
L’image-souvenir est une image visuelle qui questionne
les dimensions du temps, et notamment la question des
rapports du passé au présent … L’image-souvenir oscille
entre mémoire et identité plus que jamais à l’oeuvre dans
la représentation in absentia … L’image-souvenir veut
dépasser la nature substitutive accordée à toute image
du souvenir … L’image-souvenir n’est pas l’image d’un pur
souvenir … L’image-souvenir ne compense pas les faiblesses
d’une mémoire trop imprécise ou trop instable …
L’image-souvenir ne remémore pas le passé … L’image-souvenir
accroît la capacité de l’image à modéliser les effets
de la perte, et plus encore, les conséquences négatives
ou bénéfiques de cette perte … L’image-souvenir, à
jamais lacunaire, témoigne d’une personnalité, toujours
fragmentée, en quête d’identité …
L’image-souvenir ne vaut pas seulement comme trace d’un
événement … L’image-souvenir cherche une réflexivité,
c’est à dire ce par quoi se manifeste conjointement comme
présence, et sentiment d’un présent, l’autre … L’image-souvenir
engage le regard par delà le temps de l’esprit …
L’image-souvenir me fait toucher le temps du monde …
L’image-souvenir est une contre-image … L’image-souvenir
rend au temps sa capacité à agir : son efficacité, son autorité,
sa placentarité … L’image-souvenir me place face
à une réalité telle qu’elle m’atteint au plus profond de
ma condition humaine … L’image-souvenir sert d’abord à
dépasser une expérience traumatique … L’image-souvenir
fait le deuil d’avant le deuil … L’image-souvenir ne restitue,
et moins encore, ne ressucite le passé, mais elle y
revient et c’est de cela même qu’elle retourne ; à rebours,
elle traverse le vaste champ de l’Histoire et la met en
partage … L’image-souvenir socialise les images du passé
… L’image-souvenir réclame une présence qui exauce une
fin … L’image-souvenir plaide en faveur de l’hypersensible
… L’image-souvenir fait l’éloge de la sensation …
L’image-souvenir est autant une image de contact que de
distance …
L’image-souvenir est autant une image de contact que de
distance … L’image-souvenir ne se rapporte pas au juste
sentiment d’un manque … L’image-souvenir tisse des liens
privilégiés avec l’absence ; me permet de toucher l’autre
à distance … L’image-souvenir, propice à la théâtralité
des corps, s’ouvre au spectacle du vide … L’image-souvenir
approche un seuil … L’image-souvenir réalise l’improbable
maillage de l’individu et du Réel … L’image-souvenir
est une corde tendue par dessus de la non linéarité
de la vie ; « une corde sur l’abîme » … L’image-souvenir
engage l’autre irréductible selon ma propre totalité
humaine … L’image-souvenir est une réponse quant à la
question de mon avenir sans l’autre … L’image-souvenir
est ce par quoi je peux m’ouvrir à une critique du monde
… L’image-souvenir est inépuisable et indécise, indéflectible
et mystérieuse … L’image-souvenir, dans son entreprise
de compréhension du présent, anticipe sur l’avenir
… L’image-souvenir est