CARNET DE MARCHE 2015.16 – BELLEDONNE, DÉVOLUY, OISANS, VERCORS
Jeudi 19 Octobre 2017 12:25:01 par Eric Bourret dans Livres
Livres du 24/03/2017 au 13/11/2017 Terminé
CARNET DE MARCHE – ÉRIC BOURRET – 2015/2016 - BELLEDONNE, DÉVOLUY, OISANS, VERCORS
Élisabeth Chambon, Olivier Cogne, Pierre Padovani, Chantal Spillemaecker (textes)
La montée des circonstances (extrait)
Par Élisabeth CHAMBON
Conservateur en chef du patrimoine du musée Géo-Charles, Échirolles, Janvier 2017
Ce n’est pas l’événement ni l’anecdote qui inaugure la démarche d’Éric Bourret, plutôt une relation corps-paysage qui n’appartient ni au géographe, ni à l’historien, ni au paysagiste mais à l’art. S’il y a une géographie, elle passe par le souffle du corps dans son rapport au sol, motivé par une charge émotionnelle : la marche. Le sol est partenaire et appui, sa marche est stable et tonique. Elle constitue du mouvement qui conditionne la création d’une oeuvre. Marcher c’est créer. Le marcheur met en oeuvre le franchissement d’un espace, et dans le même temps, le dispositif plastique (ici la photographie) producteur de forme singulière. Cette marche explore et amplifie le caractère plastique de se mouvoir, de s’abandonner, elle revendique la fécondité d’un tempo. L’arpenteur est son propre corps, matière sensible. Il a sa façon particulière de « fluer », de scander son regard des heures durant, de le tenir en haleine. Avec Éric Bourret l’espace a retrouvé sa haute fréquence...
… Éric Bourret est un penseur-marcheur, sa marche est une allure. Son empreinte est volatile. Elle désigne les façons de se porter et se comporter au monde. Aller vers le monde, le faire venir à soi et se traverser soi-même de ce mouvement. Marcher c’est aussi susciter un dépaysement, se mettre en disponibilité pour l’inattendu, l’incertain et l’intense. La marche laisse au corps une place importante. Elle déplace ou complique la frontière entre l’homme et son environnement. Elle devient sensorielle, affective, sujette aux variations du climat, selon les saisons. Elle ouvre l’espace comme si le manque de lieu mettait le photographe en état de pulsations secrètes avec la certitude d’être là, je vois où je suis....
… « Carnet de marche » ou carnet de dessin, les instruments de sa pratique ne sont plus à l’atelier. Elle procède bien d’une étude, d’une expérience intérieure venue de l’extérieur. Le geste du corps dessine, trace, creuse le labyrinthe et ses pas gravent la terre afin qu’elle puisse elle-même se mouvoir. Affinité avec la peinture, que j’ai toujours pressentie, une gestuelle, une écriture griffée de la surface, qui me fait penser à Cy Twombly. Il va dans l’informe comme un peintre, dans le tissu du jour, sa faible toile du haut des chemins les plus isolés....
… Mais il ne veut rien saisir (paradoxe de la photographie) il se tient, il flotte, il dérive dans le désir de ne rien attendre, dans l’envie de capture, où le flou et le bougé s’invitent à la séance. Il fait face à la montée des circonstances par grandes rafales. Il ne s’agit pas d’un espace de représentation mais d’un espace de présence qui donne au monde, son flux, sa texture et son abstraction. Il reste attaché à la seule obédience de son désir et de son obsession des paysages, plus spécialement la montagne, sa résidence sur la terre proche ou lointaine, son tour de planète ébloui. Le monde, c’est la contrée, ce qui vient au- devant de celui qui marche et voit.
Arnaud Bizalion Éditeur
265 x 164 – 256 pages
Relié cartonné - 138 reproductions couleur
http://www.arnaudbizalion.fr/fr/content/41-eric-bourret
http://www.arnaudbizalion.fr/fr/photographie/54-carnet-de-marche-eric-bourret-9782369801153.html
http://autresetpareils.free.fr/artistes/bourret.htm
www.documentsdartistes.org/bourret