Donigan Cumming La Somme, le sommeil, le cauchemar
Vendredi 03 Août 2012 15:13:22 par actuphoto dans Expositions
Expositions du 10/11/2006 au 03/02/2007 Terminé
Le Centre culturel canadien s'associe au Mois de la Photo à Paris pour présenter La Somme, le sommeil, le cauchemar, une exposition de l'artiste canadien, d'origine américaine, Donigan Cumming.
L'œuvre de Donigan Cumming suscite l'admiration autant que le débat et la controverse. Depuis une vingtaine d'années, Cumming a élaboré un art centré sur la représentation d'une communauté de personnages marginaux qu'il a photographiés puis filmés dans la douleur, la laideur, les maux de la vie quotidienne, mais aussi dans leurs fantaisies émouvantes ou ridicules, quelquefois tragiques. Complice tantôt du spectateur tantôt de l'acteur, traître pourl'un et l'autre, Donigan Cumming est l'ange d'une communauté artificielle dont il accompagne les membres dans leur « vraie vie », ces décadrés sur lesquels il semble veiller avec assiduité et exigence, souvent jusqu'à la mort comme ce fut le cas avec Nettie, la reine de cette galerie de portraits que l'artiste rendit célèbre dès 1983 avec la série Pretty Ribbons puis avec le film A Prayer For Nettie (1995).
La Somme, le sommeil, le cauchemar présente deux tableaux photographiques immenses, visibles pour la première fois en Europe : Prologue et Epilogue (2005). Après des années d'une production remettant inlassablement en scène ses personnages, après quantité de textes écrits sur les enjeux multiples et majeurs de sa pratique acclamée internationalement mais qui demeure profondément non consensuelle, Cumming pose un geste déconcertant en créant ce diptyque librement inspiré de deux maîtres du passé, Bruegel l'Ancien et James Ensor. Prologue et Epilogue renvoient à l'œure entier de Donigan Cumming dont l'artiste propose une vision rétrospective iconoclaste. Composées à elles deux d'une dizaine de milliers de découpages, Prologue et Epilogue sont des lieux plastiques surpeuplés par la reproduction. Le réel y est présenté en détails, sous la forme des visages et des corps de personnages véritables définitivement détachés de leur propre histoire comme de celles dans lesquelles l'artiste les avait individuellement et collectivement embarqués.
Grandiose et grouillant, fascinant et repoussant à la fois, ce diptyque fonctionne à la manière d'un cauchemar. Cette galerie de personnages fait revenir à la mémoire une collection d'images et de moments que Cumming convoque en un anti-monument à sa propre histoire. Que ces tableaux utilisent une iconographie chrétienne déviante pour arriver à leurs fins contribue à la richesse des effets anachroniques qui sont ici au travail. On peut penser que Donigan Cumming donne une réplique piquante et amusée à l'ambiguïté machavélique qu'on lui attribue souvent dans son traitement de la figure humaine. Provocateur, il propose sa propre réélaboration d'une iconographie de la punition et du salut et y plonge la foule de ses personnages, et lui avec. La Somme, le sommeil, le cauchemar donnera au public européen une expérience inédite de l'œuvre de l'un des photographes les plus percutants de la scène internationale.
Une publication couleur et bilingue (120 pages) aux éditions du Centre culturel canadien accompagne l'exposition. Préface de Jean Fredette. Essai de Catherine Bédard.
Donigan Cumming vit et travaille à Montréal. Il utilise la photographie, la vidéo, le son et le texte dans la création d'installations multi-médias. Parmi ses expositions personnelles majeures, on compte La Réalité et le dessein dans la photographie documentaire (New York, Ottawa et Paris, 1986), The Mirror, the Hammer, and the Stage (Chicago, 1990), Détournements de l'image (Windsor, 1993), ‹›Pretty Ribbons (Arles, 1994), Harry's Diary (New York, 1994), Les Pleureurs (Paris, 1995), La Répétition (Nancy, 1995, Lausanne, 1996), Barber's Music (Ottawa, 1999), Moving Stills (Montréal, 1999, Rotterdam, 2000) et Gimlet Eye (Cardiff, 2001). En 2002, le Pacific Film Archive (Berkeley, Californie) et le Festival international du film de Nyon, Visions du réel (Suisse) ont présenté une rétrospective de ses œuvres vidéographiques. En 2005 à l'occasion de Moving Pictures, conçue par la commissaire Peggy Gale pour le Museum of Contemporary Canadian Art à Toronto, le public a pu apprécier l'oeuvre de Donigan Cumming dans toute sa diversité. Cette exposition comprenait notamment Prologue et Épilogue, ses collages faits de médias mixtes et encaustique sur panneaux en bois (2,60 m x 4,4 m chacun) et la collection de 18 œuvres vidéographiques réunies dans le coffret DVD Donigan Cumming: Controlled Disturbance (Vidéographe, 2005).
L'œuvre de Donigan Cumminga fait l'objet de trois livres : The Stage (Maquam Press, 1991), Pretty Ribbons (Stemmle, 1996), Gimlet Eye (Chapter et fotogallery, 2001) et Lying Quiet (Museum of Contemporary Canadian Art, 2004). The Stage fera partie de The Photobook: A History, Volume II (Phaidon, 2006) édité par Martin Parr et Gerry Badger. Ses photographies ont été présentées dans plusieurs expositions internationales et incluses dans diverses anthologies dont Contemporary Photographers (1996), The Photography Book (Phaidon,1997), World Without End: Photography and the 20th Century (Art Gallery of New South Wales, 2000), le Das Lexikon der Fotografen de Knaur (2003) et Art and Photography (Phaidon, 2003).
En 1998, l'International Film Festival Rotterdam (IFFR) a présenté le travail de Cumming dans le cadre de son programme vidéo The Cruel Machine et, en 2000, son installation vidéographique Moving Stills dans la section Exploding Cinema. C'est également à Rotterdam, en 2005, qu'eut lieu la première mondiale de sa plus récnte vidéo, Fountain, toujours sous l'égide de l'IFFR. À New York ses œuvres vidéo ont été présentées au New York Video Festival, au Whitney Museum of American Art, ainsi qu'au Museum of Modern Art (New Documentaries, 1997, MediaScope, 2005). Le Festival du nouveau cinéma (Montréal) programme ses œuvres depuis 1996, année où il remporta le Prix Vidéo Téléfilm Canada pour la meilleure découverte canadienne. En 1999, Cinéma libre a produit un coffret VHS de ses premières vidéos sous le titre Continuité et Rupture. Cumming fut, en 2004, le premier commissaire invité au Shadow Festival à Amsterdam.
Les œuvres de Cumming font partie des collections permanentes du Museum of Modern Art (New York), du Musée canadien de la photographie contemporaine (Ottawa), de la Maison européenne de la photographie (Paris), du Musée de l'Élysée (Lausanne), du Musée du Québec (Québec), du Musée d'art contemporain (Montréal), du Museum of Contemporary Art (Los Angeles). Elles ont été acquises par des musées nationaux en ngleterre, en Belgique, au Canada, au Danemark, en Espagne, aux États-Unis, en France et en Suisse. Le travail de Cumming a reçu le soutien du Conseil des arts du Canada et du Conseil des arts et des lettres du Québec. Cumming a également été boursier du National Endowment for the Arts et de la Guggenheim Foundation.