Vendredi 03 Août 2012 15:13:22 par actuphoto dans Concours
Le Jeu de Paume et le ministère de la Culture et de la Communication ont annoncé, le lundi 13 novembre 2006, les lauréats de la première édition des Prix Photo du Jeu de paume.
Le Prix du Public a été décerné à Jürgen Nefzger et le Prix du Jury à Jean-Christian Bourcart.
Chaque lauréat, ainsi récompensé pour son travail, se voit doté de 10 000 euros. Une exposition, accompagnée d'une publication, leur sera consacrée du 24 avril au 3 juin 2007 au Jeu de paume - site Sully.
Le succès de cette première édition a conduit le Jeu de paume à renouveler cet événement tous les deux ans.
Rendez-vous en 2008 pour une nouvelle sélection !
Jürgen NefzgerJürgen Nefzger est né en 1968 en Allemagne. Il vit et travaille à Paris.
Diplômé de l'École Nationale Supérieure de la Photographie d'Arles en 1994, il expose son travail en France et à l'étranger depuis une quinzaine d'années. Son œuvre est présente dans des collections publiques (Fonds national d'art contemporain, Fonds régional d'art contemporain d'Ile-de-France, musée Carnavalet, artothèque d'Angers) et a déjà fait l'objet de prix et de bourses (OFAJ, bourse de six mois (1995) ; Prix dotation Photo Service, Rencontres internationales de la photographie d'Arles (1994 et 1997) ; Sophie Smoliar Scholarship, USA (2002) ; Villa Médicis Hors les Murs en 2005).
Le travail de Jürgen Nefzger est axé sur le paysage contemporain et ses mutations dues à l'intervention humaine. Il revêt un style documentaire accentué par l'utilisation de la chambre grand format. En 1994, il publie La Forteresse aux Editions William Blake and Co. Il s'agit d'un inventaire photographique des bunkers de la Seconde Guerre mondiale situés sur la côte Atlantique, en région bordelaise.
Ce projet se poursuit par la série "Hexagone", réalisée en France. Jürgen Nefzger y décline, en panoramique et en noir et blanc, des vues qui, loin des clichés habituels des cartes postales, témoignent des réalisations immobilières, urbanistiques et paysagères plus ou moins réussies de cette fin de siècle. L'artiste explore les zones urbaines et périurbaines qui furent le lieu, il y a une trentaine d'années, de projets architecturaux censés offrir un mode de vie meilleur à des millions de Français. Il s'intéresse aux villes nouvelles et aux grands ensembles dont il témoignera de l'échec au travers, notamment, de ses vues d'implosions de barres et de tours prises à Meaux, en 2002. Il réalise en 1996, une série sur les lieux qui furent photographiés dans Paris par Eugène Atget. Les images de Jürgen Nefzger documentent les évolutions et les dérives actuelles de quelques utopies qui frôlent souvent l'absurde, voire le tragique ou le ridicule.
Sous l'appellation "Aux Portes du Royaume" Jürgen Nefzger présente des photographies réalisées, en 1998 et 1999, dans les lotissements "champignons" standardisés qui "poussent" aux abords de Marne-la-Vallée et d'Eurodisney, en Seine-et-Marne. Ces images déshumanisées, par leur caractère frontal, leur style objectif et dénudé, convoquent de grandes références de la photographie documentaire, telles que Dan Graham, Bill Ovens, Jeff Wall ou l'École de la Nouvelle Subjectivité Allemande. En 2003, Jürgen Nefzger réalise, dans le Gers, un travail dans lequel il dévie des chemins tracés de l'imagerie bucolique rurale.
Dans le cadre des "Prix Photo du Jeu de paume 2006", il présente "Fluffy Clouds", une série récente réalisée entre 2003 et 2006. Ces images, toujours réalisées à la chambre, en technique argentique et en couleur, présentent un tour de plusieurs pays européens (France, Allemagne, Espagne, Suisse, Grande-Bretagne, Belgique), au fil des saisons, à travers leurs centrales nucléaires. "Fluffy Clouds" se traduit en français par "ça moutonne" et renvoie à un pittoresque populaire. Les images présentées, majoritairement prises en panoramique horizontal, semblent se référer à des compositions nées d'une tradition picturale du paysage (sous-bois, panoramas, perspectives alliées à l'art de la couleur, étendues et brumes romantiques).
La présence des centrales nucléaires y est soit évidente et frontale, soit évoquée par les colonnes de fumée, ou encore perceptible au loin. Elle provoque des ruptures dans la composition paisible et harmonieuse de ces vues que l'artiste a voulues belles.
Jürgen Nefzger réalise lui-même ses tirages et en contrôle ainsi toute la facture. Dans ces photographies, les humains vaquent parfois à des occupations (pêche, jeux, sport), indifférents au danger potentiel et proche. Françoise Paviot déclare à propos d'une de ces images : "mais aussi belle soit-elle, et peut-être pour cette raison, il faut la regarder d'un autre œil et de près car elle est faite pour nous tenir en alerte et nous dire que tout ne va pas si bien surtout quand tout semble bien".
Notice établie par Hélène Chouteau,
rapporteur du Jury