© Vincent Perez
Expositions du 8/2/2017 au 9/4/2017 Terminé
Maison Européenne de la Photographie 5, 7 Rue de Fourcy 75004 Paris France
Communiqué de presse - Je suis suisse, enfant d’émigrés, d’un père espagnol et d’une mère allemande. La France est le pays où j’ai le plus vécu. Ma femme est née à Dakar d’une mère bretonne et d’un père sénégalais. Nos enfants sont un mélange de ces cinq pays. Eux se sentent français et sénégalais. Moi je ne sais pas. Je suis ce mélange culturel. Je me sens européen. Je me sens citoyen du monde. Mais quelle est mon identité culturelle ? J’envie ceux qui sont rattachés à une appartenance claire et forte et en même temps j’aime être en dehors de tout, comme si cela me permettait de m’immerger et d’absorber naturellement nos différences. Quand Jean-Luc Monterosso m’a fait l’honneur de m’inviter à la Maison Européenne de la Photographie, j’ai décidé d’accomplir un travail fait pour cette occasion, autour de la thématique identitaire.Maison Européenne de la Photographie 5, 7 Rue de Fourcy 75004 Paris France
© Vincent Perez
IDENTITÉS - “LES PARISIENS”
Karim Diallo et Jocelyn Armel Bindickou dit “Le Bachelor” m’ont ouvert leur quartier du métro Château Rouge où un bout d’Afrique s’y est installé depuis des années. Ici, s’égrène une succession de portraits réalisés selon un principe d’immédiateté. Je ne voulais pas de clichés mis en scène mais des images croquées dans le quotidien des badauds et des habitants du quartier. Rencontres fortuites, soudaines, hasardeuses ; quelques secondes rognées sur leurs journées, le temps d’un petit échange. Une proposition ? C’est pour faire un portrait de Parisien, un portrait de vous ? Si c’est oui, la prise de vue, faite dans l’élan de la rencontre.
En passant une partie de l’été dans le quartier, j’ai découvert ces parisiens-là. Ils se connaissent entre eux, ils ont des habitudes, ils vivent, se rencontrent, se sapent, se montrent, échangent, palabrent, chacun a une identité, un rôle. En dehors du quartier, chez les blancs ce n’est pas la même histoire, ils n’ont plus cette identité me disent- ils, certains m’ont même confié qu’ils devenaient invisibles. On ne nous regarde plus, on fait partie d’un groupe identifié, les africains. Au travers de mon objectif les liens se tissent. Je suis invité au mariage d’un des grands sapeurs parisiens. Réunion dans la joie. Là aussi se succèdent des portraits instantanés où chacun revendique qui il est, cultivant son apparence, comme pour dire “je suis moi et je suis fier de mon identité”. La photographie est ici un témoignage, mais aussi une revendication : “Nous sommes des parisiens dans un quartier de Paname”.
© Vincent Perez
IDENTITÉS - “LES RUSSES”
Je vais en Russie depuis plus d’une vingtaine d’années et aujourd’hui je prépare, avec l’écrivain Olivier Rolin, un ouvrage photographique. Ce livre a pour but d’offrir un autre regard sur un peuple fort, profond et généreux qui m’a profondément marqué. “Le cœur des Russes est aussi vaste que la Russie”, dit le prince Mychkine dans L’Idiot de Dostoïevski. C’est ce que j’ai ressenti avec chaque voyage.
Ici les images captent le quotidien des Russes, là où ils travaillent et dans leurs vies de tous les jours. Malgré la propagande anti-occidentale, ou comme chez nous la propagande anti-Russe, ils nous ont ouvert leurs portes et nous ont accueillis avec sincérité. Les années “Union Soviétique” ont accaparé l’identité des Russes. L’individualisme s’est rangé derrière l’idéologie du communisme.
Aujourd’hui certains Russes semblent regretter cette période, disant que la vie d’avant était plus facile. Aujourd’hui leur vie est complexe, partagée entre un besoin d’émancipation individuelle et une retenue profondément liée à l’histoire du pays. Cette ambivalence incarne l’âme slave telle que je me la représente. La France et la Russie ont une longue histoire. Elle semble ancrée dans leur patrimoine. Si au départ j’ai voulu photographier nos différences, au final, je n’ai photographié que nos ressemblances.
Vincent Perez
© Vincent Perez